Contribution de la Guadeloupe à la Pensée Française

Page 96

82

CONTRIBUTION DE LA GUADELOUPE

ait le temps de me remettre en prison, et, ce délai passé, je cours moi-même chercher l'exil. » Barbès quitta la France à l'heure dite, se rendit à Bruxelles d'où il fut expulsé. Il passa en Espagne où il fut arrêté en 1856. Transféré en Portugal, il s'établit en Hollande, à la Haye, où, malade, atteint d'une bronchite contractée en prison, il mourut en 1870, en pleine invasion, sans avoir la grande joie de voir la République proclamée, afin de pouvoir rentrer dans sa patrie (1). Armand Barbès a laissé quelques opuscules politiques, dont Lettre du citoyen Barbès aux habitants de Carcassonne (1837) et Deux Jours de Condamnation à Mort, écrit dans la prison de Nîmes, en mars 1847. « Il serait curieux, dit Mickiewicz, le grand romantique polonais, au point de vue littéraire, de comparer ces pages vécues à cette œuvre, jaillie de la plus puissante imagination de Victor Hugo, et intitulée : le Dernier Jour d'un Condamné. » Il a aussi publié Quelques mots à ceux qui possèdent en faveur des prolétaires sans travail (1837) et un Projet de défense devant la Cour d'assises de l'Aude. Il a écrit dans les journaux de son époque, notamment en 1848, à la Vraie République, en compagnie de Thoré, Pierre Leroux, George Sand. Barbès, exilé, irréconciliable adversaire de l'Empire, provoqua pourtant en duel un étranger qui, devant lui, avait exprimé en termes discourtois son opinion sur la vie privée de l'impératrice Eugénie (Pierre Mille, Dépêche de Toulouse du 11 février 1935). Napoléon III, vaincu par l'admiration, appela Barbès « le dernier des preux»; Proudhon a salué le « Bayard de la Démocratie », et Victor Hugo, le mêlant aux événements contemporains, a écrit : Le siècle de Barbès et de

Garibaldi.

« Cet homme pur, dit Henri Rochefort dans les Aventures de ma vie, ce chevalier de toutes les batailles républicaines, mettait l'honneur au-dessus de tout ». Et, dit Jules Claretie, dans l'Encyclopédie Nationale, c'est « la plus grande figure et la plus noble du parti républicain contemporain ». Quelques mois après sa mort, le Gouvernement de la Défense (1) Le dernier acte politique d'Armand Barbès. vingt-cinq jours avant sa mort, fut une lettre-programme adressée à Jules Guesde pour les Droits de l'Homme, dont le numéro initial parut le 1er juin 1870, à Montpellier, sous les auspices de Cluseret, de Delescluze, de Barbès et de Fabreguettes, plus tard conseiller à la Cour de Cassation. Barbès, qui était l'un des parrains du nouvel organe, écrivait à Jules Guesde : « Le titre seul de votre journal indique que vous voulez donner une nouvelle tribune à nos principes républicains socialistes. Les Droits de l'Homme ! Oui, les droits de tous sont égaux et notre devoir est de rendre accessibles â tous tous les liens naturels, intellectuels et moraux. »


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.