Contribution de la Guadeloupe à la Pensée Française

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CONTRIBUTION DE LA GUADELOUPE

— Laquelle de vous est mon épouse, cessez ce jeu cruel; et il joignit les mains... Pas un ruban de soie ne s'agita sur le sein des deux inconnues. — Eh bien ! s'écria Hector, quel que soit le destin qui m'attend, je ne violerai pas la foi jurée, vos visages resteront sacrés pour moi, soyez libres, je ne vous suivrai que pour vous défendre. Tous trois entrèrent dans la grande salle éclairée par mille bougies, et où se trouvaient réunis sur une grande ligne, dans l'attitude du respect, tous les valets en grande livrée. Arrivées au milieu de tous, les deux femmes s'agenouillèrent devant Hector, un des principaux officiers de la maison s'avança alors et prononça d'une voix grave les paroles suivantes : — Ma noble maîtresse est privée à jamais des dons de la beauté; mais si son mari ne peut la reconnaître aux traits de son visage, elle veut qu'il puisse la reconnaître par quelque voix secrète de la sympathie. Si l'instinct du cœur lui fait deviner juste, le mariage aura cours; s'il se trompe, le mariage sera nul. L'officier se tut et désigna du doigt les deux femmes agenouillées. Hector fixa ses regards sur chacune d'elles. C'étaient les mêmes formes extérieures, la même moire des dominos, le même masque de velours, les mêmes rubans de satin. — Seigneur, dit-il, éclairez-moi. Tout à coup, il vit que les plis de la mantille de l'une d'elles se soulevaient avec force, agités par une poitrine émue. Hector s'élança vers elle et lui dit : — Voilà ma Séraphina adorée. A ces mots, l'autre femme arracha son masque et l'on reconnut l'une des filles d'atour de la belle espagnole. Le mari avait deviné juste, l'amour est un nécromancien.


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