Contribution de la Guadeloupe à la Pensée Française

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CONTRIBUTION

DE LA GUADELOUPE

1813, et, à la suite des événements de l'époque, la Compagnie ne le reçut dans son sein que le 16 novembre 1814. A propos de cette élection, il s'est créé une controverse littéraire. D'aucuns, dont Melvil-Bloncourt, prétendent que Campenon aspirait au siège de l'abbé Delille, ce qui provoqua l'épigramme suivant : Au fauteuil de Delille aspire Campenon; Son talent suffit-il pour qu'il s'y campe ? Non. D'autres, dont Jules Trousset, disent que « quand Ducis mourut, Campenon et Michaud se disputèrent son fauteuil académique. Le premier lança cet épigramme contre son concurrent : Au fauteuil de Ducis on a porté Michaud. Ma foi ! pour l'y placer, il faut un ami chaud. Michaud riposta par ce distique : Au fauteuil de Ducis aspire Campenon. A-t-il assez d'esprit pour qu'on l'y campe ?... Tout le monde trouva la rime : Non, sauf l'Académie qui élut Campenon ». Dans tous les cas, nous pouvons affirmer que Campenon succéda à Delille (23° fauteuil), et non à Ducis; c'est donc la version Melvil-Bloncourt qui est la vraie. A la seconde Restauration, il fut nommé secrétaire de la Chambre du Roi; puis, il fut admis, ainsi que Michaud, au nombre des lecteurs de Louis XVIII. Vincent Campenon a publié une Epître aux Femmes; il a traduit l'Histoire d'Ecosse de Robertson et l'Histoire d'Angleterre. par Smolett. Il a également donné une traduction des Odes et Satires d'Horace. Il a laissé d'intéressants Mémoires, 1824, 1 vol. in-8°. Ses Poèmes et Opuscules (2 vol.) ont été publiés en 1825. Il convient de citer aussi les Stances à M. Desarps, « dans lesquelles, dit Sainte-Beuve, il y a quelques accents d'Horace». (Causeries du Lundi.) Il a réuni et publié, en 1798, les œuvres de son oncle, le poète Léonard, dont il est parlé ailleurs. Vincent Campenon est mort à l'âge de sovrante-et-onze ans; il eut Saint-Marc Girardin pour successeur à l'Académie. Le 16 janvier 1845, Victor Hugo, répondant au discours de réception de Saint-Marc Girardin, fit l'éloge de Campenon après le récipendiaire, disant entre autres : « Chacune de ses œuvres est comme une production nécessaire dont on retrouve la racine dans quelque coin de son cœur. Son amour pour la famille engendre ce doux et touchant poème de l'Enfant Prodigue; son goût pour la campagne fait naître la Maison des Champs, cette gracieuse idylle; son culte pour les esprits éminents détermine


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