Contribution de la Guadeloupe à la Pensée Française

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CONTRIBUTION DE LA GUADELOUPE

Nous allons en passer aux îles ; Puisqu'on ne nous veut plus aux villes, Il nous faut aller au Désert. Et plus loin : Faisons le triage et comptons Combien sont nos brebis galeuses : Les listes sont assez nombreuses Pour les envoyer, en troupeau. Paître dans le Monde-Nouveau. Et quand, dans Manon Lescaut, le narrateur de cet inimitable récit s'informe auprès d'un archer de la cause du tumulte qui met en émoi tous les habitants du bourg de Passy, que lui répond l'archer ? « Ce n'est rien, Monsieur; c'est une douzaine de filles de joie que je conduis, avec mes compagnons, jusqu'au Hâvre-deGrâce, où nous les ferons embarquer pour l'Amérique. Il y en a quelques-unes de jolies, et c'est apparemment ce qui excite la curiosité de ces bons paysans. » Pauvre Manon ! Infortuné des Grieux ! Ennuyeux Tiberge ! Combien les habitants des îles étaient faits pour s'entendre : d'un côté, la traite des Blanches, de l'autre la traite des Noirs — la violence présidant à leur origine respective !

AUGUSTE BÉBIAN

Il naquit au Morne-à-l'Eau, à la Guadeloupe, le 4 août 1789. Filleul et élève de l'abbé Sicard, Bébian a été l'un des plus illustres instituteurs des sourds-muets. 11 dirigea l'Institution de Paris depuis 1817 jusqu'en 1838, époque où il abandonna cette brillante position pour s'en aller dans son pays natal fonder des écoles


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