Contribution de la Guadeloupe à la Pensée Française

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A LA PENSÉE FRANÇAISE

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On va faire embarquer ces belles ; Elles s'en vont peupler l'Amérique d'Amours. Que maint auteur puisse avec elles Passer la ligne pour toujours ! Ce serait un heureux présage. L'éditeur des œuvres de Saint-Evremond n'a voulu laisser aucun doute sur le sens déjà fort clair de ces derniers vers : il nous apprend que lorsque La Fontaine écrivait cette lettre, on faisait enlever à Paris un grand nombre de courtisanes, qu'on envoyait peupler les colonies. L'usage était non seulement de les transporter aux Indes Occidentales, mais à Madagascar. Bussy-Rabutin a décrit assez complaisamment, dans un petit poème, Amours des Dames Illustres de notre Siècle, en 1681, ces sortes d'exécutions de la police de Paris, qui se faisaient régulièrement, et il nomme aussi Chloris, une de ces dames, qui, embarquée pour Madagascar, se trouve obligée ... Malgré ses dents, D'obéir à la politique Qui règle la chose publique. On y trouve la déroute et l'adieu des filles de joie de la ville et des faubourgs de Paris, avec leurs noms, leur nombre, les particularités de leurs prises, et de leur emprisonnement. On lit : Voici nos plaisirs qui sont morts Et nous sommes aux rêveries. Adieu, promenades de Seine, Chaillot, Saint-Cloud, Ruel, Surêne. Ah ! que nous allons loin d'Issy, De Vaugirard et de Passy ! Mais c'est où le Destin nous mène. Adieu Pont-Neuf, Samaritaine, Butte Saint-Roch, Petits-Carreaux Où nous passions des jours si beaux !


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