La vérité et les faits ou l'esclavage à nu dans ses rapports avec les maîtres

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— 62 — Vu et enregistré au registre de la Lieutenance sous le n° 66. SCHENCK.

N° 4. Fort-Royal, le 5 mai 1845. A

MONSIEUR

LE

PROCUREUR-GÉNÉRAL DU

ROI

AU FORT-ROYAL.

Monsieur le Procureur-Général,' J'ai l'honneur de vous informer que le 28 avril dernier, le noir Jean-Marie, esclave du sieur Férolle-DevilleDuvergé , habitant de la commune du Gros-Morne , s'est présenté au quartier de la gendarmerie de cette commune, dans un état digne de pitié. Ce malheureux, qui ne pouvait se tenir ni debout ni assis, a déclaré au brigadier Roy que le vendredi 25 avril, son maître l'avait roué de coups de bâton, et lui avait fait administrer par le commandeur plus de cinquante coups de fouet; qu'après ce châtiment excessif, il lui avait mis un pied sur le cou pour l'empêcher de se relever, et que dans cette position il lui avait donné, avec l'autre pied, de vigoureux coups sur les reins ; enfin, que s'il ne s'était pas présente plutôt à la gendarmerie, c'est qu'il se trouvait dans l'impossibilité de marcher, par suite de ses nombreuses blessures. Après cette déclaration, M. le Procureur-Général, l'esclave Jean-Marie a voulu prouver ce qu'il avait avancé; pour cela faire, ii s'est déshabillé et a montré aux gendarmes des fesses morcelées par le fouet, des bras couturés pari e bâton, une tète meurtrie en divers endroits, en


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