La vérité et les faits ou l'esclavage à nu dans ses rapports avec les maîtres

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N° 3. GENDARMERIE

DE

LA MARTINIQUE.

L'an mil huit cent quarante-cinq et le vingt-huit du mois d'avril, nous, Roy Pierre Joseph, brigadier de gendarmerie , commandant la brigade stationnée au GrosMorne, et les gendarmes Gousse Antoine et Bernard Charles, certifions que le nommé Jean-Marie, esclave du sieur Férol-Deville-Duvergé, de la commune du Gros-Morne, est venu dans notre caserne, nous porter plainte que son maître l'avait battu à coups de bâton, et qu'il lui avait fait donner un châtiment d'environ cinquante coups de fouet, par le commandeur de l'habitation. Nous avons visité l'esclave. Nous lui avons reconnu plusieurs coups sur la tête où le sang avait coulé, et il nous disait qu'il ne pouvait pas remuer les bras, des coups qu'il avait reçus. Nous avons vu aussi qu'il avait été châtié à coups de fouet, car il avait les fesses toutes machurées et pleines de sang, dont il ne pouvait pas rester debout ni assis. Nous lui avons demandé quel jour il avait été châtié ; il nous a dit que c'était le vendredi. Nous lui avons dit pourquoi il n'était pas venu de suite nous trouver; il nous a répondu qu'il ne pouvait marcher; car son maître, après lui avoir fait donner le châtiment, lui a mis le pied sur le cou , et lui a donné des coups sur les reins avec l'autre pied. Nous avons de tout ce que dessus rédigé le présent procès-verbal pour être remis à qui de droit, dont une copie sera adressée à M. le Chef-d'escadron commandant la gendarmerie de la Martinique. Fait et clos au Gros-Morne, les jour, mois et an que dessus, et avons signé. BERNARD.

GOUSSE.

ROY.


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