La vérité et les faits ou l'esclavage à nu dans ses rapports avec les maîtres

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— 19 — du désespoir, dont rien ne peut les distraire, à moins que ce ne soit l'aiguillon de la faim... De plus, presque toujours leurs pieds, leur cou, sont étreints par des anneaux en fer, des carcans à plusieurs branches réunies par de lourdes chaînes Encore, s'ils pouvaient se tenir debout !... Mais non : leur tète est refoulée comme sous la voûte d'un four, et leurs membres meurtris sont toujours affaissés sur la terre, dans cet ignoble sépulcre qui recèle encore quelque reste de vie Le tonneau de Régulus au moins ne prolongeait pas tant l'agonie !.... Pour ceux qui n'ont pas vu ces tombeaux des vivants... de nos frères..., il faudrait emprunter au Dante, qui les a renouvelées des anciens, les descriptions des antres des enfers... où l'espérance n'entre jamais ! Je renonce à faire le tableau lugubre d'un autre genre de supplice, en apparence moins terrible , puisquau moins il permet de respirer l'air vital, de se mouvoir..., de se tenir debout, de voir le ciel..., qui est si beau dans les régions de l'esclavage ! La cupidité a trouvé le moyen de rendre pour ainsi dire la prison mobile, de la construire sur tout le corps de la victime, qui la traîne avec elle,—sans priver le maître de son travail.


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