La vérité et les faits ou l'esclavage à nu dans ses rapports avec les maîtres

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— 219 — Plus tard , une autre ordonnance a assimilé à la séquestration , l'exercice d'une faculté garantie par la loi coloniale; et, contrairement à notre charte constitutive qui consacre les droits acquis, a attaqué la puissance du maître, et Ta annulée, pour ainsi dire , quand elle ne pouvait que la régler. Enfin, la loi du 2-5 juin 1841 est venue enlever aux conseils coloniaux leurs attributions financières les plus importantes, et aux citoyens le droit, que cinquante ans de révolution leur ont chèrement vendu, de voter leurs impôts et de fixer leurs dépenses par des mandataires librement élus. Cette loi, en divisant notre budget, compromet, en cas de guerre, l'administration constitutionnelle du pays. Elle creuse dans ce budget un déficit à combler par des subventions annuelles qu'on nous reprochera sans doute un jour, comme une charge dont les colonies grèvent la mère-patrie. En présence de ces faits, sous le coup d'une persécution décorée des titres pompeux d'amélioration et de progrès, que pouvaient, que devaient faire les conseils coloniaux défenseurs nés de la constitution du pays? Leur devoir était la résistance, et le conseil colonial de la Martinique n'a point failli à cette obligation de son mandat. Certes, Monsieur le Gouverneur, il n'a dû venir à l'esprit de personne de la confondre avec une opposition systématique, encore moins avec la révolte ; cette résistance est puisée dans l'esprit et l'exécution de la loi que l'on nous a donnée comme une charte constitutive et dans les principes d'où émanent aujourd'hui les rapports établis entre les populations et les gouvernements. Cette résistance, ce défaut de concours, étaient une manifestation qui avait pour but de faire connaître au Gouvernement qu'il s'engageait dans une voie mauvaise, et que c'était a l'anéantissement des colonies que menait directement l'adoption des fatales mesures que repoussaient les conseils coloniaux. A cet avertissement des mandataires du pays, à ce moyen légal de rappeler les hommes du pou\oir à un examen plus attentif des questions coloniales, qu'a répondu le ministère?... Le projet de loi du 14 mai a été présenté à la chambre des Pairs. Nous n'entreprendrons pas, Monsieur le Gouverneur, de vous signaler tout ce que ce projet de loi a d'odieux pour les colons, de funeste pour les colonies ; la commission de la chambre des


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