— 210 — N° 126. Fort-Royal, le 27 août, et Saint-Pierre, le 4 septembre 1845.
Messieurs, Je reçois avec une reconnaissance vivement sentie le témoignage de bienveillance que vous voulez bien m'offrir, à l'occasion de la conduite que j'ai tenue pendant mon séjour a la Martinique. Je vous sais d'autant plus de gré de ces témoignages que je n'ai agi que d'après mes
sympathies
pour v ous,
en m'élevant contre les préjugés du système colonial, dont je ne partage pas les fausses doctrines, et contre l'espèce de ment
dans
défaveur dont vous êtes frappes les réceptions officielles.
bien injuste-
J'ai dû aussi déchirer le voile qui cachait des iniquités envers de pauvres esclaves, afin
que
le Gouvernement
du Roi, sentant la nécessité d'en arrêter le cours,
prenne
des mesures pour les rendre enfin a la liberté, qui est aussi nécessaire dans l'intérêt de la religion
que
de l'hu-
manité ; ce qui m'a suscité des tracasseries de tous les genres, a la suite desquelles plusieurs plaintes ont
été
portées contre moi par le chef de la colonie, qui paraît n'avoir rien négligé
pour
me desservir aux yeux de
MM. les ministres de la guerre et de la marine, qui ayant
mieux
apprécié mes anciens
services
que M. Mathieu;
m'ont accordé un congé de six mois avec,solde entière, pour aller en jouir en France. A l'exemple de M. le gouverneur, c'est une maxime reçue, même parmi
de
hauts fonctionnaires, que la mis-
sion de la gendarmerie, ici, n'est pas de soutenir le faible et l'opprime, selon l'esprit de l'ordonnance royale du 29