La vérité et les faits ou l'esclavage à nu dans ses rapports avec les maîtres

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— 203 — vernemcnt. est le premier à s'identifier avec la résistance, ainsi qu'on peut le voir par ses discours aux adresses, à l'ouverture des deux sessions, et par d'autres documents de détails qu'on pourrait invoquer. A l'exemple de M. Mathieu, c'est une maxime reçue, même parmi de hauts fonctionnaires, que la mission de la gendarmerie dans cette colonie, n'est pas de soutenir le faible et l'opprimé, selon l'esprit de l'ordonnance royale du 29 octobre 1820; mais qu'au contraire elle doit concourir par son assistance à des châtiments, souvent pour des causes notoirement injustes; ils pensent même que la gendarmerie n'a qu'à exécuter aveuglément la volonté des maîtres, sans avoir à surveiller la conduite de ces derniers. Voy. lettre du directeur, 17 février 1845. M. Mathieu n'avait d'autres motifs pour demander mon éloignement, que celui de me voir signaler les abus et actes réprehensibles dont les colons se rendent coupables journellement. Mais aussi, mon intention est de signaler que, d'après le système colonial; quiconque ne trempe point dans l'arbitraire et ne se soumet point à l'iniquité, doit être persuade d'avance qu'on ne négligera rien pour s'en débarrasser. Je mettrai à l'appui de mes assertions, relatives aux crimes et actes d'inhumanité qui se commettent envers de pauvres esclaves, les rapports et procès-verbaux que j'ai entre les mains, et qui, maigre leur gravité, sont encore au-dessous de la vérité. Je signalerai que M. Mathieu, oubliant la réserve qui lui est commandée par sa haute position, courait, il y a quelque temps, la campagne, répondant aveuglement a toutes les avances des colons, et leur prodiguant en retour force pressions de mains. Il n'a pas oublié de faire insérer, dans les journaux de la colonie, l'ordonnance royale concernant les honneurs qu'on doit rendre au gouverneur, et a prouvé par là qu'il était avide d'ovations. Je ferai connaître le dévouement sans borneaux colons de M. le gouverneur, dont la courte administration s'est déjà signalée par les actes les plus manifestement contraire à l'esprit de la loi (voy. affaire P.runeau et M Chevalier). Je ferai connaître sa conduite sur l'habitation la Marly du Lamentin, appartenant à M. le baron de Lhorme, où,après un repas, il a harangué les esclaves, comme pour atténuer ce qu'avaient eu de pénible pour les colons les poursuites intentées contre le gé-


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