La vérité et les faits ou l'esclavage à nu dans ses rapports avec les maîtres

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— 202 — lire les ordres et les circulaires que j'ai donnes, verifier mes rapports mensuels, et on pourra se convaincre de la bonne direction que j'ai tracée à toutes les parues du service : la preuve resulte d'ailleurs de la multiplicité des procès-verbaux de tout genre de la gendarmerie, qui n'avait jamais dresse, antérieurement a mon arrivée, aucun acte concernant le regime disciplinaire des habitalions, et les rapports entre les maîtres et les esclaves. Je ne dois pas omettre de dire à Votre Excellence, que lorsque la mesure qui a été provoquée contre moi par M. le Gouverneur a été connue, une deputation composée de l'élite de la société s'est présentée chez moi, pour me remettre une adresse couverte d'un grand nombre de signatures les plus honorables, m'exprimant les regrets de me voir quitter la colonie, au moment où ma présence était si utile à la cause des opprimes. M. le Gouverneur, alarme de ces manifestations, me fit donner l'ordre, le 10 septembre, par le général Rostoland, de nie rendre à Saint-Pierre, en m'annonçant que le navire l'Arthémise. sur lequel l'administration avait arrête mon passage, devait mettre à la voile le 13, ce qui est inexact, puisque ce navire ne doit partir qu'a la fin de ce mois, et pour un port éloigné de Paris. Par ma lettre du I" septembre, j'informai M. le général Rostoland , commandant militaire, que je desirais m'embarquer sur le na\ire la Louise, en partance pour le Hàvre, en le priant de faire arrêter mon passage sur ce bâtiment ; mais il me répondit dix jours après, qu'en execution des ordres de M. le Gou\erneur, je devais me rendre à Saint-Pierre le 13, pour m'embarquer sur le navire l'Arthémise, devant mettre à la voile à cette dale pour Bordeaux, ce qui m'occasionnera, comme mon séjour à SaintPierre, des frais considerables. Tout en m'y soumettant, j'ai protesté contre cette mesure , au moyen de laquelle M. le Gouverneur a foulé aux pieds tous les égards qui me soitl dus. I ne telle conduite de la part de M. Mathieu ne saurait être qualifiée. Je m'élais aperçu depuis longtemps qu'il voulait se débarrasser de moi, pour moins gêner l'arbitraire des maîtres envers les esclaves, et laisser régner ce qu'on appelle à la Martinique le système colonial, ou transaction avec tous les abus qu'on impose, comme religion politique, à tous les fonctionnaires, sous peine de se rendre impossibles. Le Gouverneur seul, qui pourrait représenter au sérieux les intentions du Gou-


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