La vérité et les faits ou l'esclavage à nu dans ses rapports avec les maîtres

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— 162 — Voici le résultai de mes investigations : Depuis le 3 décembre dernier, l'habitation la Jambette a perdu trois mulets et un bœuf; de quelle maladie? on l'ignore , mais le géreur a cru et croit encore qu'il y a poison. Dès lors, il a agi en conséquence et a pense que le meilleur moyen à employer pour arrêter le mal. était de punir l'atelier en le faisant travailler les jours et heures consacrés à son repos et à son travail particulier; le samedi a donc été rétiré, une heure de midi à deux a été supprimée, et une heure de huit à neuf heures du soir a été employée à charrier du fumier. Sur ces entrefaites, est arrivé le premier jour de l'an, jour consacré par l'usage pour les souhaits de bonne année, jour impatiemment attendu par le nègre pour aller voir ses amis et connaissances; le matin, à l'heure ordinaire, les esclaves se sont reunis pour se rendre au travail, mais avant de partir ils ont demande à voir leur géreur; M. de Gage s'est présenté et leur a fait quelques reproches sur leur conduite: alors d'une voix presque unanime, ils lui ont répondu : « Maître! vous n'êtes pas content de nous, eh bien ! nous ne le sommes pas non plus de vous. » Après ces mots, ils sont allés au jardin.

A midi, le commandeur est venu rendre compte au géreur que les nègres travaillaient toujours et ne voulaient pas rentrer dans leurs cases, pour y prendre un peu de repos ; M. de Gage s'est transporté sur les lieux, leur a intimé l'ordre, à deux reprises différentes, de se retirer; ils s'y sont formellement refusés, il les a menacés d'enployer la force (la gendarmerie), ils ont tous répondu : « Envoyez-la chercher, » et, sans se déranger, ils ont continué à travailler jusqu'à la nuit ; à la nuit, ils sont


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