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N° 89. Fort-Royal, le 18 ma1945 i A MONSIEUR
FRANCE .
CHEF
D'ESCADRON
COMMANDANT
LA
GENDARMERIE DE LA MARTINIQUE.
Mon Commandant. J'ai
l'honneur
de vous rendre compte qu'en vertu
d'un réquisitoire de M. le procureur du roi. je me suis transporte hier, vers les trois heures de relevée, à la Pointe-du-Bout. accompagne du sieur Reynier, chirurgien aux rapports, a l'effet de constater la mort du nègre Augustin, esclave du sieur Rools de Gourselas. qui. le matin,s'était pendu à un arbre, près de l'hôpital militaire cette pointe, commune des Trois Ilets. A notre arrivée sur les lieux. et après un severe examen du cadavre, nous avons remarque que ce nègre, âgé de soixante ans environ, portait à la partie antérieure du cou, une ancienne cicatrice, qui dénotait que cet esclave avait déjà attente à ses jours, en cherchant
à
se couper le cou : nous avons également remarque sur ses fesses une dizaine de coups de fouet nouvellement appliqués, et de nombreuses cicatrices situées tout le long du dos. dues à des châtiments antérieurs. En conséquence, mon Commandant, le sieur Reynier et moi avons conclu en notre honneur et conscience, que les coups portés
à
ce
vieillard
ne pouvaient point
lui donner la mort, mais qu'ils avaient pu occasionner le désespoir qui l'a porte à se détruire. Je suis avec respect, mon Commandant, etc. Le
Maréchal-des-logis commandant
la lieutenance,
H. COMMIN. Nota. Celui-la aussi avait été las de vivre ainsi !