La vérité et les faits ou l'esclavage à nu dans ses rapports avec les maîtres

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L'an mil huit cent quarante-cinq , le samedi vingt-un juin, a huit heures du malin, au parquet, est comparu le sieur Lalung Sainte-Hélène père, propriétaire, demeurant en la commune du Lamentin, lequel nous a fait la déposition suivante : Il se passe sur l'habitation Saint-Prix, sise commune du Lamentin, près de la route, des faits que j'ai crude mon devoir de vous signaler. M. Garnier Saint-Prix père, tuteur des mineurs Chavirac, a fait transporter sur son habitation tous les nègres et bestiaux appartenant a ces mineurs : ces esclaves sont maltraités ; aussi sept d'entre eux sont en ce moment marrons; on peut dire qu'ils manquent de nourriture, et ceux qui sont encore sur l'habitation sont tous malades par suite du défaut de nourriture. Un nommé Petit-Colas avait fui comme les autres; après trois jours de marronnage, il fut arrêté par le sieur Montgaillard et renvoyé sur l'habitation Garnier; la il fut battu avec une rigoise, mis aux fers, et le lendemain ou surlendemain on lui donna un quatre-piquets; quand il reçût le châtiment, on voulut lui donner un peu de rhum pour le remettre, mais il expira sur-le-champ. Un autre esclave, nomme Edouard, porte aux deux pieds une chaîne. La mort de Petit-Colas est arrivée cette semaine. Lecture faite au sieur Lalung Sainte-Hélène de sa déclaration , il a dit qu'elle était exacte et l'a signée avec nous. Signé : LALUNG SAINTE-HÉLÈNE, ADAM. Procureur du Roi. Pour copie conforme a l'original : Le Chef d'escadron de gendarmerie, FRANCE.


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