La vérité et les faits ou l'esclavage à nu dans ses rapports avec les maîtres

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— 104 — N.41. Fort-Royal, le 5 août 1845.

A

MONSIEUR LE

COMMANDANT DE LA GENDARMERIE.

Monsieur le commandant, Au reçu de votre lettre du 20 juillet dernier n° 484), j'ai écrit au procureur du roi de Saint-Pierre, pour qu"il eût à me fournir des renseignements sur les faits que vous me signaliez: j'avais été informe par la notice hebdomadaire du suicide de Bernard et de celui de Fanny : mais comme M. le procureur du roi s'était borné à mentionner qu'il n'y avait ni crime ni delit, je n'avais pas cru nécessaire de demander que les procès-verbaux fussent transmis. J'ai ces procès-verbaux sous les yeux, et j'ai peine à comprendre, qu'en ce qui concerne Bernard, la cause de sa mort soit pour vous l'objet d'un doute, alors que le brigadier de gendarmerie s'exprime ainsi dans son procèsverbal : « La seule cause qui ait pu porter Bernard a cel acte de désespoir est, selon M. Ludovic Brière, l'infidélité d'une jeune négresse qu'il aimait éperdùment et qui s'était donnée à un autre.Bernard était traité très-favorablement par M. Brière, qui lui avait confié la charge de commandeur depuis 1828, et dans laquelle charge il s'était créé, ainsi que nous avons pu le remarquer par l'état de son mobilier, une aisance au-dessus de sa condition : » et que celui du maire de la commune était que le corps de Bernard, parfaitement lisse, ne portait aucune trace de châtiment ! Quant à la nommée Bosine, M. le procureur du roi m'écrit qu'il n'a reçu ni procès-verbal, ni plainte, ni de noncitaion, et que c'est par ma lettre qu'il a été informé


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