La vérité et les faits ou l'esclavage à nu dans ses rapports avec les maîtres

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— 101 — N°39. Le 28 juillet 1844 , l'esclave Adélaïde, mère de deux enfants jumeaux qu'elle nourrissait, ayant été trouvée endormie étant de garde, a subi pour cette cette faute le supplice du quatre-piquets. Cette malheureuse femme a en outre été maltraitée cruellement à coups de rigoise, après quoi elle fut jetée dans un parc à bœufs, d'où elle s'est esquivée, pendant la nuit, avec ses deux enfants pour se rendre à Fort-Royal. Elle s'est d'abord présentée, en arrivant dans cette ville, chez les dames Désouches, qui n'ont pu voir sans pitié et sans indignation son corps tout en sang et sillonné des coups qu'elle venait de recevoir; elle est allée ensuite chez le procureur général, qui, après l'avoir interrogée, l'a envoyée à la geôle, et enfin fait transporter le lendemain à l'hôpital, pour y recevoir les soinsque réclamaient ses nombreuses blessures. Il n'a pas fallu moins de deux mois pour la guérir et la mettre en état d'être reconduite sur l'habitation de son oppresseur.... Vers la même époque, un autre actede cruauté raffinée a été commis sur l'habitation du sieur Humbert Desprez. Voici comment : Sur le soupçon qu'un bœuf, qui venait de mourir, avait été empoisonné par un de ses nègres, ce colon lit couper la tète de l'animal et obligea l'esclave sur qui il faisait planer le soupçon d'empoisonnement, de la porter pendant les heures île travail de l'atelier, sur sa tète et sur sa poitrine, jusqu'à ce quelle fût en complète putréfaction L'odeur infecte qu'elle exhalait occasionna la mort de ce malheureux. Un mandat d'amener a été décerné contre le sieur Humbert Desprez, et la gendarmerie ayant été chargée de le


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