Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

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— 75 — ou cinq par cinq ; et pour le comble, le capitaine Déroche avait fait soigneusement diviser en deux camps bien distincts les électeurs : d'un côté, les partisans de M. Boussenot, de l'autre, les miens. Cette mesure avait sans doute pour but d'assurer le secret du vote !...» (N'était-ce pas plutôt pour savoir sur qui faire tirer, au besoin ?) Et la protestation se terminait, comme toujours, en demandant une enquête, qui ne manquerait pas, affirmait-elle, de vérifier la scrupuleuse exactitude des faits qu'elle dénonçait. En rapprochant la protestation de M. de Kervéguen de celle formulée, en 1910, par M. Candace contre l'élection de GéraultRichard à la Guadeloupe, on ne peut pas ne pas être frappé de l'analogie des griefs invoqués ici, et là; et même de l'identité des termes qui expriment ces griefs. Le même mal suscite partout la même plainte. Et cette fois encore, la plainte ne fut pas accueillie. Elle fut même écartée en termes involontairement, mais effectivement injurieux pour les victimes. L'on décida de passer outre, sans plus ample information, de peur d'exposer les enquêteurs éventuels que la Chambre pourrait charger d'aller quérir sur place les éléments susceptibles d'éclairer sa justice, à être « tués ou blessés » par les habitants de la Réunion ! Nous n'inventons rien ! L'on conçoit aisément que les procédés électoraux qui viennent d'être indiqués ne s'appliquent pas sans provoquer des protestations et des résistances de la part des électeurs qui voyent ainsi leurs droits les plus essentiels cyniquement méconnus et insolemment violés, par ceux-là mêmes qui ont pour mission d'en faire assurer le respect. Aux réclamations justifiées des victimes l'on répond par l'emprisonnement et la fusillade, par des exécutions judiciaires, etc. ! Et, naturellement, c'est toujours le lapin qui a commencé. Voici comment la Chambre répondit, en 1914 à l'émouvant appel fait à sa justice par les citoyens tyrannisés de la Reunion : « De l'examen des dossiers des élections de 1914 à la Reunion, constatent les rapports de M. Espivent de la Villeboisnet. il résulte que ces élections ont été marquées par des événements regret tables ; que des rixes fréquentes ont éclaté, que des batailles ont été engagées, qu'il y eut des morts et des blessés.

« Nous en voyons la cause dans l'ardeur du soleil de ce pays Il n'est pas étonnant qu'un acte de la vie sociale qui .. qui sous nos climats, irrite déjà les esprits, provoque dans ces contrées ensoleillées des crises d'une grande violence. « Une conséquence découle de ces reflexions. « SI dans le dossier de protestation contre l' election de M Gasparin — ou contre l'élection de M Boussenot il se trouv ait la preuve des faits ayant pu vicier ces elections il faudrait néanmoins avant


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