Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

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— 67 — la preuve. Des centaines d'attestations d'électeurs sont au dossier et établissement qu'ils ont voté pour le candidat Boisneuf dans les trois bureaux ci-dessus du Port-Blanc, de la Rozière et de l'Anse-Bertrand. « Ce seraient autant de voix à ajouter à celles du candidat Boisneuf, autant à retrancher au candidat Légitimus et, dans ces conditions, « L'élection du premier ne saurait taire de doute, d'autant plus, vous venez de le voir, que certains faits provoquent une suspicion souveraine... « Elle se borne donc, à l'unanimité. à conclure à l'annulation des opérations électorales qui ont eu lieu le 24 avril, dans la 2e circonscription de la Guadeloupe, pour la nomination d'un député. » Cette conclusion impliquait la conviction, sinon la certitude, que les trois urnes qui avaient servi à permettre la proclamation de M. Légitimus, avaient été cambriolées durant leur séjour à l'hôtel du Gouvernement. La preuve de ce crime fut administrée, ultérieurement, au cours des poursuites judiciaires dirigées contre le Gouverneur Gautret, sur la plainte de M. Boisneuf. L'actuel gouverneur intérimaire de la Guadeloupe, le sieur Jocelyn Robert, continue, sur ce point aussi, la besogne de feu Gautret. Le 21 octobre 1923, une élection au conseil général eut lieu à la Guadeloupe, dans le canton du Lameutin. Ce canton comporte quatre communes et huit sections de vote. Dans trois communes et sept sections de vote, le scrutin eut lieu conformément à la loi, sans intervention de la force armée, sans qu'aucune salle de vote ait été ni gardée, ni évacuée, à un moment quelconque. Dans l'ensemble de ces sept sections, le candidat Boisneuf obtint 2600 suffrages, contre à peine 150, à son concurrent. Dans la huitième section, chef-lieu de la commune de la Baie-Mahault, des forces impressionnantes de gendarmerie occupèrent la salle de vote et ses abords, dès avant l'ouverture du scrutin. Il fut interdit aux électeurs d'y stationner. A la clôture du scrutin, le maire, président du bureau de vote, déclara que, vu l'effervescence des esprits et l'attitude menaçante des partisans du candidat Boisneuf, et pour éviter les plus graves désordres, il croyait devoir s'abstenir de faire procéder immédiate-

ment au dépouillement, ainsi que le voulait la loi. L'urne fut donc remise à la gendarmerie et transférée par les soins de celle-ci au gouvernement. Le surlendemain, le conseil du contentieux administratif, fonctionnant en tant que bureau électoral, procéda au dépouillement des suffrages qu'elle contenait. L'on y trouva 804 bulletins au nom du concurrent de M. Boisneuf, et deux bulletins seulement, au nom de celui-ci. Ce sont ces deux électeurs inconnus qui avaient motivé l'isolement de la salle de vote et son occupation par la force armée pendant


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