Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

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On les fit venir exprès pour cela de Marie-Galante. Wanou les suivit; et, faute de mieux.on utilisa ce dernier pour servir de témoin omnibus dans toutes les poursuites scélérates engagées contre les adversaires dont M. Candace a décidé la perte ! Devant le déploiement de force armée qui avait investi et envahi les salles de vote, le 14 mai 1922, le peuple s'abstint de voter. Les bureaux de vote n'attribuèrent pas moins, aux candidats officiels, un nombre de voix formidable, qu'aucune liste n'avait encore obtenu à la Pointe-à-Pitre. L'examen des listes d'émargement, dont la communication fut obtenue après mille difficultés, permit de relever que plus de 1400 noms d'électeurs, sur les 1960 indiqués, comme ceux des votants, avaient été frauduleusement émargés. La liste de ces noms de votants fictifs fut remise à la justice à l'appui de plaintes formelles en fraudes électorales, avec constitution de partie civile... Deux années se sont écoulées : la justice n'a pas bougé...

Un mois après, le 18 juin 1922, les électeurs de plusieurs cantons de la Guadeloupe étaient convoqués pour le renouvellement de la série sortante du conseil général. Le coup de force contre la municipalité de la Pointe-à-Pitre intéressait aussi, dans la plus large mesure, ces élections. Le canton de la Pointe-à-Pitre élit, en effet, neuf conseillers généraux, soit le quart des membres de l'assemblée locale. Le sort des candidats de l'administration dépendait de la détention des urnes de la ville, où il y a plus de quatre mille électeurs inscrits ! Et le 18 juin 1922, la cynique parodie recommença. Dans toutes les sections de vote des divers cantons où les urnes étaient confiées aux bons soins des amis du député Candace et de l'Administration, voici à quoi fut employée la force armée :

GENDARMERIE NATIONALE

« Ce jourd'hui, 18 juin 1922, à vingt-deux heures, « Nous soussignés Chercheval (Félix), chef de brigade de 4e classe de gendarmerie à pied, Dussel (Ernest) et Bozzi (Antoine), gendarmes à pied, avons reçu du Président du collège électoral quatre réquisitions ainsi conçues : « 1° Le 18 juin, à 5 heures 15. Requérons le commandant de gendarmerie de prêter le secours de ses hommes nécessaires pour toute la durée des opérations électorales placer aux abords et wà l' entrée de la salle des forces nécessaires pour empêcher toute agglo mération d individus, toute manifestation, réprimer tout trouble et enfin pour prévenir les désordres provoqués audit bureau (sic), ne laisser pénétrer les électeurs dans la salle de vote que quatre par quatre


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