Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

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municipaux hostiles à sa politique et de les faire remplacer, « coûte que coûte», par des gens à sa dévotion. Et le gouverneur obéit docilement, et les magistrats marchent aveuglément ! Le 21 mars 1922, M. le député Candace adressait de Paris l'ordre suivant, qui fut publié dans le numéro du 2 avril 1922 du journal le Nouvelliste de la Pointe-à-Pitre : « La dissolution du conseil municipal s'impose et la nomination d'une délégation municipale s'impose sans délai. « La décision du Conseil d'Etat et les résultats (?) de l'enquête (1) sur la gestion de la municipalité de la Pointe-à-Pitre doivent entraîner sans délai la dissolution de celle-ci. « La présence de M. Boisneuf à la Pointe-à-Pitre n'effraiera personne. « Signé : Gratien CANDACE, député. « Cet ordre fut exécuté : Le 20 avril 1922, M. Jocelyn Robert prenait deux arrêtés portant, l'un, non pas dissolution mais suspension (M. Candace ignore la différence qu'il y a entre ces deux termes) de la municipalité ; l'autre, nomination d'une délégation municipale présidée par un spécialiste notoire en matière électorale. Le Conseil d'Etat avait invalidé les élections municipales de la Pointe-à-Pitre. Le coup de la suspension du maire et des adjoints sortants avait uniquement pour but de mettre les urnes à la disposition des candidats patronnés par l'Administration, à l'occasion du scrutin pour le renouvellement de l'Assemblée communale. C'était la manœuvre préparatoire de la fraude indispensable. Cette manœuvre réalisée, le reste suivit le processus ordinaire : composition illégale des bureaux de vote, suppression de toute publicité et partant de toute surveillance et de tout contrôle au scrutin et du dépouillement etc. etc. Voici d'ailleurs des documents officiels qui permettront d'en juger et convaincront les plus prévenus. Les électeurs furent convoqués pour le 14 mai. La ville comporte trois sections de vote. Les réquisitions suivantes furent délivrées à la gendarmerie par les présidents des trois bureaux de vote. (On verra quels antécédents désignèrent ces présidents au choix éclairé du gouverneur.) GUADELOUPE ET DÉPENDANCES

République française, au nom du peuple français, « Conformément au décret du 20 mai 1903 et aux lois des 2 février 1852 et 5 avril 1884, nous président du 2e bureau de vote (1) Les résultats de cette enquête n'étaient pas encore communiqués a ceux contre qui celle-ci se poursuivait !


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