Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

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— 46 — déchaînera volontairement dans notre petit pays. Nous craignons qu'elle ne se manifeste par un soulèvement général, car nos compatriotes n'hésiteront pas à s'inspirer de l'article 2 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, pour résister à l'oppression, à l'arbitraire et au despotisme. « Nous ne voulons plus du régime menteur, institué par certains de nos administrateurs, et qui est indigne de la grande et noble France de la Révolution.On proclame que nous sommes des citoyens libres et on veut cependant nous tenir rivés aux chaînes de la servitude... » C'est sans doute en vue de faire cesser « ce régime menteur», ce régime de pseudo-démocratie, que M. Candace proclamait dans le même numéro de son journal : « Nous ne désarmerons pas en face de ceux qui sabotent nos libertés et nos droits, qui ont déchaîné la guerre fratricide dans notre pays et qui veulent nous plonger dans une servitude plus cruelle que l'esclavage... « Le peuple aura justice ou nous disparaîtrons. » A la première alerte, M. Candace s'est contenté de disparaître, en se «sauvant à travers les bois et les champs de cannes ». On tient parole, comme on peut ! C'est sans doute encore pour prévenir les crimes perpétrés contre les élus du suffrage universel, à la faveur de « caricatures de légalité», par des gouverneurs traîtres à leur mission, asservis à des politiciens de sac et de corde, que M. Candace écriait dans sa profession de foi de 1910 : « Je poursuivr à... « L'abrogation des ordonnances et lois archaïques qui permettent au gouverneur de dissoudre les conseils municipaux et de nommer des magistrats. » Nous n'avons pas encore appris que le député Candace ait déposé la moindre proposition de loi tendant à modifier l'article 43 de la loi du 5 avril 1884 qui confère aux gouverneurs des colonies les pouvoirs exorbitants dont certains de ces hauts fonctionnaires font un abus criminel ; nous ne savons pas non plus quand M. Candace a demandé l'abrogation des dispositions de l'article 8 de la loi du 15 avril 1890, sur l'organisation judiciaire des vieilles colonies, qui permettent au gouverneur de composer « des tribunaux de circonstance ». Mais ce dont nous sommes certains, c'est que, tout comme feu Gérault-Richard, M. Candace estime que les magistrats en service à la Guadeloupe « lui doivent leur concours, par principe, sinon par reconnaissance » et qu'il leur dicte publiquement, par la voie de la presse, « des gestes d'énergie » (sic), c'est-àdire l'ordre d'exécuter impitoyablement ses adversaires politiques. Ce que nous savons encore, c'est que M. Candace se croit maintenant autorisé à ordonner publiquement, par la voie de la presse, au gouverneur de la Guadeloupe, de dissoudre les conseils


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