Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

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— 42 — 1907, trois délégués choisis avec le plus grand soin, par chacun des partis, parmi les personnes les plus raisonnables et, dans le cas où vous seriez contraint, par suite de troubles graves, à faire évacuer la salle, à les y maintenir afin de décharger votre propre responsabilité. Vous ne devez pas perdre de vue, en effet, que le vote, condition essentielle de sa validité, ne doit cesser, un seul instant, d' être public... » Quel est le candidat honnête qui pourrait se plaindre d'une pareille mesure ? Le candidat Candace la trouvait excellente et d'une parfaite légalité, en 1910, et reprochait furieusement à ses adversaires de ne l'avoir pas observée. C'est du même haut souci de probité électorale et de respect de la souveraineté populaire que s'inspiraient, en 1914, les instructions du gouverneur Merwart aux maires. On y lit : « ... Sous réserve d'instructions ultérieures du Département, l'Administration locale ne saurait maintenir, quant à présent, les bons offices précédemment offerts aux candidats pour la désignation des représentants chargés d'assister en permanence aux opérations électorales. « Toutefois, préoccupé des responsabilités résultant pour les présidents et assesseurs, des dispositions pénales du décret réglementaire du 3 janvier 1914, le Gouverneur ne peut que leur recommander, dans leur propre intérêt, d'associer, de bonne grâce, à l'ensemble des opérations, la surveillance des candidats déjà légalement édictée pour le dépouillement par les prescriptions de l'article 8 de ce décret...» ( Journal Officiel de la de la Guadeloupe, 16 avril 1914). C'est contre cette recommandation du chef de la colonie, à qui le Ministre avait ordonné de s'employer à obtenir la régularité du scrutin et à sauvegarder, avec la dignité du suffrage universel, le bon renom de la colonie, que le député Candace s'insurgea ! Il protesta dans les termes que l'on connaît ; et s'en alla, en personne, faire faire le vide dans les salles de vote, en exigeant qu'on en expulse les représentants de son concurrent ! Et pendant ce temps, l'auteur de ces lignes écrivait, dans une lettre ouverte au gouverneur de la Guadeloupe, publiée dans le numéro du 22 avril 191 4, du journal Le Libéral de la Pointe-àPitre : « Il a suffi que des mesures sérieuses fussent édictées et appliquées par l'autorité locale, en vue de garantir la liberté et la sincérité du vote, pour que les risques de désordres qui, depuis une dizaine d'années angoissaient les consciences honnêtes, à l'occasion de chaque consultation populaire, fussent supprimés. « Ceux-là seuls que ces mesures ont pu gêner dans l'accomplissement des manœuvres frauduleuses qui leur permettaient d'imposer au peuple leurs services onéreux ont protesté contre


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