Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

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— 41 — Mais ce qui est particulièrement suggestif, c'est le fait que non seulement il n'a pas répugné à M. Candace de profiter de manœuvres frauduleuses qu'il dénonçait et flétrissait avec une superbe indignation quatre années plus tôt, mais que ce candidat provoqua, lui-même, expressément, ces manœuvres, en dicta l'exécution aux présidents des bureaux de vote. La protestation de M. Jean-François contient, en effet, les précisions suivantes : La pression exercée par mon concurrent sur les présidents des bureaux à l'effet d'expulseer les électeurs que j'avais choisis pour me représenter, a été l'une des manœuvres les plus importantes qui aient été accomplies pour fausser les résultats du scrutin. A Marie-Galante, il a adressé à ses amis plusieurs câblogrammes dont l'un était conçu en ces termes : «Ne tenez aucun compte toutes les instructions même émanant chef de l Etat non législatives Communiquez à tous présidents bureaux vote et amis » Il s'est rendu en automobile dans presque toutes les communes du 1er arrondissement, le jour même du vote et a donné l'ordre aux présidents de bureau ses amis d' expulser mes délégués « Dans une dépêche adressée au chef de la colonie, de Capesterre (Guadeloupe), il lui dit :

Suis intervenu énergiquement comme député (!) et comme candidat auprès bureaux vote pour prier se conformer stricte ment à la loi et considérer comme non avenu tout ce qui n' est pas conforme aux lois et décrets relatifs à élections législatives notamment présence délégués candidats dans salle de vote » Signé : Candace. député.

Personne ne se méprendra sur la signification de cette dépêche. C'est l'homme qui, en 1910, se plaignait si amèrement de ce que ses partisans et délégués eussent été exclus abusivement des salles de vote, aux fins de leur enlever toute possibilité de surveiller et contrôler les opérations électorales, intervenait énergiquement en 1914, comme député sortant ! pour faire chasser les représentants de ses concurrents des mêmes salles de vote, et permettre ainsi les fraudes électorales dont il entendait profiter ! M. Candace estime maintenant que la candidature officielle a du bon et ne veut plus y renoncer ! Le 23 avril 1908, M. le gouverneur Ballot, préoccupé, à juste titre, de faire respecter le suffrage universel, en assurant la sincérité des opérations électorales, avait, à la veille du renouvellement intégral des conseils municipaux, adressé aux maires une circulaire dans laquelle, après avoir rappelé et précisé les instructions antérieurement données par lui aux mêmes fins, il disait : « Dans le but d'assurer aux élections le caractère de publicité prescrit par la loi, je vous invite à admettre dans la salle de vote, conformément aux instructions de ma circulaire du 4 septembre


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