Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

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loi ; c'est alors qu'on examinerait ces questions et certainement nous serons guides par les sentiments de M. de Tracy quand on rédigera le projet de loi. »

« Il est de la dignité de la Chambre que les colonies ne soient pas défendues, dans son sein, par des voix salariées. » « Il ne peut y avoir ici que des représentants d' hommes libres ! » « Je dis aux colons: Avant de réclamer pour vous les droits de citoyens, respectez dans autrui les droits de l'homme ; vous n' avez pas le droit de réclamer les garanties politiques quand vous ne respectez pas les droits de l' humanité. » « Les colonies ne doivent pas avoir de représentants tant que l' esclavage subsistera Quelle admirable leçon de libéralisme s'exprime par ces formules lapidaires dont la sobre et émouvante éloquence s'oppose victorieusement aux déclamations grandiloquentes derrière lesquelles certains ministres de notre troisième République, préposés à la direction des affaires coloniales de la France, essaient vainement de dissimuler le vide de leur pensée et la sécheresse de leur cœur, à leurs promesses et à leurs affirmations tapageuses, si souvent démenties par les plus décevantes, les plus cruelles réalités ! L'esclavage a donc été l'obstacle invincible dressé devant toutes les initiatives tendant à la représentation directe des colonies dans les chambres françaises. Dès que le soleil de la liberté se leva sur ces terres infortunées ; dès que ces terres furent ainsi « purifiées de la servitude », leurs populations « régénérées » recouvrèrent le droit commun de l'humanité ; elles entrèrent dans la grande famille française ; et les portes du parlement national s'ouvrirent automatiquement devant leurs élus. Que les fils d'affranchis s'en souviennent ! Alors, leur gratitude, qui doit rester éternelle envers la mémoire des grands bourgeois de la monarchie de juillet qui ont préparé l'émancipation de leurs pères, s'affirmera toujours par leur amour ardent de la liberté et leur respect superstitieux du suffrage universel. Le bulletin de vote prendra à leurs yeux la valeur d'un symbole religieux ; il leur apparaîtra comme l'emblème sacré de la dignité civique. Et ils traiteront en sacrilèges ceux qui oseront le profaner.

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