Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

Page 37

— 15 —

de traitement, a bien plus de crédibilité, commande une bien plus grande confiance. « Nous croyons qu'il faudrait enfin que le gouvernement examinât cette grave question, de savoir si les colonies doivent être perpétuellement privées du droit le plus précieux : celui d'être représentées dans cette chambre... » C'est la même idée que reprenait deux années plus tard, le 6 mars 1841, à la tribune de la même assemblée, le député Piscatory, lorsqu'il disait au cours d'une interpellation sur la discipline des ateliers d'esclaves : M. PISCATORY. — « ...Le fait sur lequel je veux appeler l'attention de la Chambre m'a frappé depuis longtemps ; mais j'avoue que j'en suis aujourd'hui plus péniblement affecté qu'à aucune autre époque. « Dans aucune autre discussion analogue, messieurs, rien dans ma pensée n'a été hostile aux colons. Je voudrais que mes paroles ne blessassent personne, ni dans l'une ni dans l'autre chambre ; mais à ces risques mêmes, je crois de mon devoir de demander à mes collègues s'il leur parait convenable, s'ils pensent qu'il soit bien constitutionnel que, dans les deux chambres, les colonies aient des mandataires soldés PLUSIEURS VOIX. — « Vous avez raison, (a gauche, très bien ! très bien !) M. PISCATORY. — « J'en appelle à l'honorable M. Jollivet, lui-même. A-t-il trouvé, que dans la situation nouvelle qu'il a acceptée, ses paroles conservassent une autorité suffisante sur la Chambre ? ( Non ! non !) a Je lui déclare que non ; et il a dû le sentir. Il serait tout naturel, à mon avis, je suis prêt à le soutenir,

que nos colonies fussent représentées ici par des députés constitutionnelset légaux, (a gauche : très bien ! très bien !)

« Mais qu'un mandataire, membre de la Chambre, délégué, payé par les colonies, vienne ici obligatoirement défendre leurs intérêts, c'est ce que dans l' intérêt des colonies, dans l'intérêt de la dignité de la Chambre, je ne puis voir sans m'en affliger. ( A gauche : très bien !) M. JOLLIVET. — « Comme l'honorable M. Piscatory, je voudrais que les colons fussent représentés dans cette enceinte... « Les colonies choisiraient alors des délégués créoles, et je le désire ; je désire que des colons eux-mêmes puissent venir vous dire ce qu'ils ont vu, ce qu'ils savent ; qu'ils puissent vous faire connaître leur société, tant calomniée, tant diffamée. Le jour où ils pourront se défendre eux-mêmes à cette tribune, j'abdiquerai de grand cœur mes fonctions de délégué. » C'est encore la pensée qu'exprimait le député Lherbette, lorsque le 24 avril 1847 il disait à la chambre : « Il serait fort à désirer pour les colonies qu'elles puissent


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.