Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

Page 18

X

« Cela, c'est un ordre imposé par la force. Il est possible d'en obtenir un autre, l'ordre venant du respect volontaire de la loi : c'est en n'envoyant pas dans les colonies, des gouverneurs qui y provoquent le désordre... « Remarquez bien, Messieurs, que les colonies ont toujours vécu dans le calme le plus absolu au point de vue électoral et qu'elles y vivaient encore, il y a une dizaine d'années.

« Jusque-là,

on se figurait que les colons, comme les habitants

de la métropole, avaient le droit de nommer leurs députés et leurs sénateurs ; c'était acquis. « Les partis se livraient parfois à des luttes très ardentes, mais qui ne donnaient lieu à aucune effusion de sang.

« Il y a une dizaine d'années, la situation a changé. Le ministre des colonies s'est dit : « Mais il y a des députés et des sénateurs coloniaux ; pourquoi ne serait-ce pas moi qui les nommerais? Et alors, on a envoyé là-bas des agents en leur donnant pour instructions de faire nommer telle ou telle personne agréable au ministre. (Très bien ! Très bien !) M.

KNIGHT.

— «

C'est la candidature officielle qui devient

la règle, depuis dix ans, dans certaines colonies. M.

CRÉPIN.

— «

Seulement, dans les colonies, la candidature

officielle est beaucoup plus violente que dans la métropole.

« Ce sont ces nouveaux principes électoraux, appliqués avec une violence inouïe, notamment à la Réunion et à la Guadeloupe, qui ont amené les troubles. « La Constitution nous donne le droit de nommer des députés et des sénateurs, nous demandons qu'elle soit observée. « Voyez la Guadeloupe, des désordres très graves s'y sont produits. On y a envoyé successivement cinq gouverneurs' Nous avions eu d'abord deux gouverneurs de carrière sous l'administration desquels il ne s'est rien passé. Du temps de M. Cor, du temps de M. Ballot, où l'on respectait la liberté électorale et celle

des électeurs, aucun trouble n'a été signalé. « Mais un peu avant l'époque des élections, M. Cor était gouverneur titulaire ; c'était un bon gouverneur... On l'a rappelé et l'on a envoyé à sa place un gouverneur extraordinaire, M. Gautret, l'ancien impresario des danseuses de Sisowath ! (Rires.) « Ceci n'est pas une plaisanterie. M. Gautret occupait un


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.