Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

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Mes ennemis politiques, entre antres le maire de cette com« mune. avaient écrit à Saint-Denis pour signaler à mon supérieur a la propagande que je faisais en faveur du Dr Boussenot. « ... Si j'avais fait de la propagande du haut de la chaire, « j'aurais pu être reprehensible ; ce n'est que comme citoyen, dans « la rue, que je me suis efforcé de donner de bons conseils. « Le bruit court que l'évêque serait sur le point de me donner « un poste de disgrâce ; je suis prêt à faire des difficultés pour « obtempérer. « Régi encore pendant quelques jours par le concordat, je serais « heureux de savoir préalablement si l'administration serait dis« posée à me soutenir. « Le jour des élections, écœuré de voir l'instituteur Bénard faire « publiquement devant le bureau de vote une propagande acharnée « en faveur d'Archambeaud, je n'ai pas pu me maîtriser ; je l'ai apostrophié devant plusieurs électeurs, sur sa conduite indigne « d'un fonctionnaire. « Je lui ai même dit : « Vous devriez rougir de ne pas avoir la reconnaissance du ventre. » « Je vous cite toutes ces paroles, M. le Secrétaire général, « car on va probablement m'en faire un nouveau grief. « A titre de curiosité, je vous adresse la sentence de mon évêque. « Veuillez, je vous prie, parler de ma situation à M. le Gouverneur, « etc. » Signé : L. ROUCAUD, Curé de l'Entre-Deux. Le caractère purement alimentaire du républicanisme de l'abbé Roncaud ressort trop nettement de son apostrophe à l'instituteur Bénard, pour qu'il soit nécessaire d'insister. Retenons seulement qu'il en est du cléricalisme des créoles blancs de la Réunion, comme du séparatisme des nègres des Antilles. L'on a vu la réponse du docteur Archambeaud aux infamies des détracteurs des honnêtes gens de la Réunion. C'est la même chose que M. Candace et moi écrivions en 1910, en réponse à une circulaire où le gouverneur Gautret affirmait qu'il lui « revenait de source autorisée que des bandes seraient armées pour empêcher le libre vote des citoyens ou le dépouillement du scrutin » ; que pour prévenir l'action de ces « bandes d'émeutiers en rébellion contre la loi et ses agents, les gendarmes, les soldats et les marins formeraient une garde d'honneur autour des urnes »... Mais ce que M. Candace considérait alors comme un outrage sanglant fait à la démocratie guadeloupéenne, ne lui apparait plus que comme une mesure de police nécessaire pour prévenir les desseins criminels de nos concitoyens, qu'il reconnaît maintenant incapables d'exercer leurs devoirs civiques autrement que


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