Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

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—135— Tous ces témoignages, lettres Deltel et autres, ont été reproduits dans le rapport Rodier et dans le rapport Maurice Colin. (Chambre des Députes, 10e législature, Impression n° 925.) Aux Antilles, parce que les adversaires des candidats d'importation ou de réimportation sont noirs ou jaunes, on les accuse de vouloir la mort des blancs ; on leur prête les pires intentions, ou leur impute les plus abominables infamies. Par cela seul qu'ils ambitionnent de représenter leurs concitoyens au parlement, ils deviennent xénophobes, séparatistes, etc. A la Réunion, quand le candidat officiel d'importation a pour concurrent l'un des rejetons de ces vieilles familles créoles d'origine européenne qui ont fondé la colonie, un Le Cocq du Tertre, un Archambeaud, un de Kervéguen, un Auber, un Brunet; un Dareau de Vaulcomte, alors l'on change de tactique : l'on dénonce le péril réactionnaire et clérical ! Réactionnaires ! cléricaux ! .. si l'on veut ... Mais à qui donc fera-t-on croire sincèrement que ces hommes, avoués, avocats, médecins, négociants, industriels, commerçants, grands et moyens propriétaires terriens, qui constituent l'élite de la société réunionnaise, sont des énergumènes , des ennemis de l'ordre public et de la paix sociale dans leur petite patrie? A qui fera-t-on entendre qu'ils ont intérêt à voir tout mettre à feu et à sang à chaque consultation électorale, eux, qui, ont tout à perdre et rien à gagner dans ce qui peut résulter des effervescences populaires, des incidents tumultueux qui peuvent accompagner ces consultations? Et c'est pourtant ce paradoxe que les assassins des libertés publiques tentent de faire accepter. Dans un rapport du 30 avril, le capitaine Déroche écrivait : «Mon personnel a été attaqué par des brutes mercenaires de Messieurs Archambeaud et Le Cocq... » Et le 1er mai, M. le gouverneur Jullien écrivait au Ministre : « Il était indispensable de laisser dans la ville même de SaintPierre, maintenue en ébullition permanente par les perpétuelles provocations de l'adjoint au maire Chappy et par M. Archambeaud, maire et candidat, le plus de force possible. « Je dois encore placer cette observation préalable, que dans toutes les scènes de violence, les blessés sont les partisans de M. Boussenot et lui-même.

« Dans la seconde circonscription, la terreur a régné partout. Sur plus d'un point, les électeurs partisans du candidat Boussenot, affolés, n'ont pas osé se rendre au scrutin, par crainte des injures. des bousculades, des coups et des bagarres... »


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