Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

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naître chez les honnêtes gens de la colonie, la manœuvre grossière que préparait la publication de ces paroles officielles dont l'évidente fausseté était brutalement établie par les réalités les plus cruelles! Quelles tristes gens ! Et quelle honte et quel danger pour la métropole de les charger d'agir et de parler en son nom ! Quelle humiliation pour les bons Français de la Réunion de ne plus pouvoir croire en la parole du plus haut représentant de la mère patrie, et d'en être même réduits à n'avoir pour lui aucun sentiment de considération ou de respect. Car, qu'on le veuille ou non, c'est à ce degré de discrédit, de déchéance morale, que sont tombés certains gouverneurs dans l'esprit des populations coloniales. « Mon effort ne tendra qu'à assurer la liberté et la sincérité du vote en dehors de toute pression officielle, d'où quelle vienne », proclame solennellement M. le Gouverneur Jullien. Et la preuve, c'est que le 18 octobre 1920, le chef du service des Travaux Publics de la colonie, écrit au gouverneur Rodier chargé de l'enquête administrative sur les scandales électoraux du mois d'avril précédent. Saint-Denis, 18 avril 1910. « Monsieur le Gouverneur, « Pour compléter ma déposition, j'ai l'honneur de vous adresser copie des instructions que m'a données M. le Secrétaire général Dubarry, au sujet des nominations et des mutations à faire dans le cadre secondaire des travaux publics (chefs d'ateliers et chefs cantonniers), instructions qu'il a étendues ensuite verbalement à tous les ouvriers sans distinction. Au sujet de M. Grimaud (chef cantonnier), M. Dubarry m'a dit : « Vous semblez avoir des égards pour cet agent, parce qu'il est « allié à M. Archambeaud ; eh bien ! c' est pour cette raison que « je le renvoie. »

« Il m'a déclaré également, vers la même époque, que M. Jullien et lui avaient reçu de M le Ministre des Colonies des ordres formels pour faire triompher les candidatures de MM. Gasparin et Boussenot qui ETAIENT LES CANDIDATS DU GOUVERNEMENT « Quant à M. Archambeaud, a-t-il ajouté, la campagne que « ses amis politiques ont mené contre moi lui coûtera son siège au « parlement. » Signé : DELTEIL. (Voir archives de la Chambre. Session 1911. - Impressions n° 925.) Le directeur du chemin de fer et du port de la Réunion, M. Bédel ; le conducteur principal des Ponts et Chaussées, M. Lefèvre ; le commissaire de police de Saint-Joseph, M. Loyseau, etc., ont fourni des témoignages identiques sur la pression officielle indécente exercée par la haute administration de la Réunion, en 1910. en faveur des « candidats du Gouvernement »


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