Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

Page 15

VII

impartial et honnête ; parce qu'il « avait commis limprudence de rester indépendant « et n'avait pas voulu être l'homme-lige de personne » ; attitude « qui lui fut reproché comme un crime ». Et M. Cicéron citait les termes d'une lettre adressée par lui au ministre des colonies, sous la date du 11 septembre 1909, pour dénoncer la manœuvre dont il se plaignait et dans laquelle l disait entre autres choses : « Vos meilleurs amis, M. le Ministre, attribuent votre poli« tique à la Guadeloupe à l'influence d'hommes qui entendent vous « faire galvaniser un cadavre. Je ne pense pas que vous teniez « à imposer à la colonie que je représente le régime de terreur sous « lequel l'un de vos prédécesseurs l'a tenue, avec M. Boulloche. « Je ne veux pas croire encore que pour servir un intérêt « personnel, pour sauver une situation politique perdue, vous « sacrifiez de gaîté de cœur ce qui doit être le plus sacré pour un « homme d'Etat et consentiez à exposer tout un pays aux pires « aventures. » Signé : A. CICÉRON. » Le 26 janvier 1906, M. Gerville-Réache avait dénoncé à la tribune de la Chambre la série de manœuvres « classiques » par lesquelles l'administration coloniale prépare le succès frauduleux de la candidature officielle, par l'étranglement brutal de la volonté populaire : dissolution arbitraire de conseils municipaux, suspension arbitraire de municipalités, constitution de délégations très spéciales chargées d'assurer le succès des candidats de l'administration, sous la haute protection de la force armée. C'est le même régime que M. le Sénateur Cicéron dénonçait le 25 février à la tribune du Sénat, dans les termes suivants : « A l'approche des élections, le gouverneur intérimaire reprend la série des mesures arbitraires, vexatoires, dangereuses, qui avaient été mises en jeu lors de la période électorale de 1906. « Il s'agissait pour lui de s'emparer des municipalités adverses « ET SURTOUT D' AVOIR LA DIRECTION DES URNES. Car, « il faut bien le reconnaître, Messieurs, on a laissé s'établir un tel « état d'esprit dans ce malheureux pays qu'aujourd'hui trop de « personnes considèrent comme un fait normal la fraude dans « les élections, lorsque ces fraudes sont conseillées, favorisées « par le Gouvernement. « Il ne faut pas oublier ce qui s'est passé en 1906. Les muni-


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.