Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

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liasse, affaires diverses — Plainte 4 du juge de Paix de Saint-Leu, pièce n° 4.) « J'ai connu la gendarmerie plus respectueuse de la justice dont elle est l'auxiliaire. « L'intervention de M. le Procureur général Allart mérite également d'être sévèrement jugée. « Le capitaine Déroche fait arrêter Robin, Le Procureur général, sur les renseignements fournis par cet officier, prescrit immédiatement au parquet d'instance de délivrer des mandats de dépôt et de faire passer d'urgence en flagrant délit Robin et Virapin dont celui-ci serait le complice. Le procureur de la République qui connaît l'enquête de la gendarmerie, expose à son chef que les charges sont insuffisantes, en l'état. Il lui est enjoint, sans qu'aucune raison soit donnée, de maintenir l'arrestation et de s'opposer à toute mainlevée des mandats de dépôt ! « Les circonstances qui précèdent tendent à montrer que la mesure injustifiée, sinon illégale, dont se plaint Robin a été concertée entre le Procureur général par intérim Allart et la capitaine Déroche, c'est-à-dire à Saint-Denis, loin du théâtre des événements. Je ne puis m'empêcher d'ajouter que les termes du premier télégramme de Saint-Louis : «... Boussenot demande arrestation Robin » jettent une singulière lumière sur cette affaire. M. Robin a été acquitté après un complément d'information autorisé par le tribunal correctionnel. Ni le parquet d'instance, ni le parquet général n'ont fait appel. » Nous avons cru devoir citer presque toute la partie du rapport d'enquête relative à l'affaire Robin : parce que cet exposé nous paraît bien montrer comment l'honneur et la liberté des citoyens sont peu garantis aux colonies, et ce dont y sont capables les représentants les plus autorisés de la loi française. Le cas Robin illustre admirablement l'affreux régime de dictature politico-administrative qui désole nos vieilles colonies. Il illustre ce mot, terrible pour le gouvernement métropolitain, du Gouverneur Boulloche : « Il n'y a de sécurité pour personne » dans nos vieux départements d'outre-mer, dans ces « isles » lointaines, si profondément attachées à la mère-patrie, sur lesquelles flotte depuis plus de trois siècles le drapeau de la France ! Tout, jusqu'au prestige et à l'honneur de la métropole et de la République, doit être sacrifié aux exigences de la candidature officielle ! L'on traque le docteur Archambeaud ; l'on traque l'avoué Le Cocq du Tertre, parce que candidats de « l'opposition ». « Boissy demande arrestation Constant .» « Pignolet demande arrestation Morange .» « Boussenot demande arrestation Robin ...» Et ça suffit ! Il n'en faut pas davantage ! L'on appréhende ces notables, l'on arrache ces contribuables qui sont, en même temps de bons pères de famille, à leurs affaires,


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