Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

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— 115 — prisonniers » (Déposition de M. le Gouverneur Jullien) n'étaient pas de nature à porter atteinte à l'honneur et à la délicatesse du chef de la colonie. « Cependant M. Allart voulait faire arrêter M. Le Cocq, c'est lui-même qui nous l'apprend (lettre n° 425, du 12 avril). En outre, il écrit au Parquet et dépose devant le juge d' Instruction que le chef de la colonie a été outragé en sa présence par le maire. Une ordonnance de non-lieu vient clore l'instruction ouverte sur cette affaire. « Au surplus, M. le Procureur général, bien qu'il dirige la poursuite, s'empresse de faire des déclarations écrites qui sont versées au dossier ; il comparait au cabinet d'instruction comme témoin. «... Ne devait-il pas comprendre, de lui-même, que ses fonctions lui imposaient une conduite autre que celle qu'il a tenue? L'attitude de M. le procureur général par intérim Allart est bien étrange !...»

Etrange ! ! Non ! Le procureur général Allart était simplement dans son rôle ! C'est ce que feu Gérault-Richard appelait « un procureur général à poigne » ! L'AFFAIRE

MORANGE

Le 14 juillet 1910, M. Morange écrivait au gouverneur de la Réunion, une lettre où se détachent ces lignes émouvantes : « Dans la matinée du 25 avril 1910, à 7 heures... d'ordre du Parquet « d'instance, je suis mis en état d'arrestation chez moi, sur ma « propriété de Rivière-Saint-Pierre, à 3 kilomètres du bourg de « Sainte-Anne. C'est entre deux gendarmes que je quitte ma femme, « mes enfants et le nombreux personnel de ma propriété, C'est sous « cette escorte que j'ai dû traverser le quartier de Sainte-Anne, où « j'ai vécu plus de quarante ans et où mon père a passé toute son « existence. C'est entre des gendarmes, comme le dernier des mal« faiteurs de droit commun, que mes compagnons et moi (il y avait « eu d'autres arrestations) nous sommes conduits de Sainte-Anne « à Saint-Benoît, de Saint-Benoît au Parquet de Saint-Denis, et « enfin à la prison centrale le 25 avril, à 6 heures du soir, in« carcérés dans la salle commune sans avoir été interrogés. » Quel crime avait donc commis cet homme pour être ainsi traité? Voici : La veille, le bureau de la section de vote de Sainte-Anne avait été présidé, contre tout droit, par un fonctionnaire, non électeur de la commune, notre vieille connaissance, Gabriel Salez, contrôleur des contributions indirectes. Ce président extraordinaire avait siégé, du commencement à la fin des opérations, avec un revolver


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