Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

Page 136

— 114 —

et précisait que ces actes tombaient sous l'application des articles 222 et 311 du code pénal. Ultérieurement, le gouverneur faisait parvenir au parquet une déclaration où on lit : «... Le perron était envahi par la foule... Le maire, M. Le Coq du Tertre à qui je demandai ce qu'il venait faire dans de telles conditions, me répondit : demander justice ! C'était le mot d'ordre de tous, qui répétaient « justice ! justice » !... au milieu des cris et de la bousculade grandissante et sous l'œil indifférent, sinon approbateur de M. le Maire j'ai tenu tête à l'orage... L'arrivée des gendarmes et de quelques douaniers a mis fin à cette abominable scène que M. le Maire,... regardait d'un oeil encourageant. » Sur réquisitions du procureur de la République Lucas, M. Le Cocq fut prévenu d'avoir outragé M. le gouverneur Julien, par paroles, gestes et menaces dans l'exercice de ses fonctions, sans que l'outrage fût autrement

précisé.

« M. Allart dépose à l'instruction, continue le rapport Girard, et maintient les déclarations contenues dans ses deux lettres des 12 et 14 avril. « Il accuse M. Le Cocq d'avoir outragé le gouverneur. J'ai encore vu, dit-il, M. Le Cocq dans l'attitude que j'ai décrite plus haut, prononcer ces paroles : « L'administration a commis des actes d'illégalité; elle a eu « trop souvent deux poids et deux mesures ; le peuple ne veut plus « aujourd'hui qu'un poids et une mesure. « Je dis encore, comme je l'ai dit pour Tâcher, que j'estime « que M. Le Cocq par son attitude, ses gestes et ses reproches formulés « à rencontre du gouverneur, l'a incontestablement outragé. » « M. Allart se présente de nouveau au cabinet du juge d'instruction où il doit être confronté avec M. LeCocq.Mais Me des Rieux avocat de ce dernier, fait remarquer que M. Allart « ayant ouvert cette information et ne s'étant pas déporté, il semble inadmissible qu'il puisse concourir à cette instruction comme témoin ». Devant cette observation, la confrontation n'eut pas lieu et M. Allart dut se retirer. « Cette affaire a été réglée, en ce qui concerne M. Le Cocq, par un arrêt de la Chambre des mises en accusation du 27 août 1910, qui a rejeté l'opposition faite par M. le procureur de la République par intérim Lucas à l'ordonnance de non-lieu de M. le Juge d'Instruction. Et le rapport d'enquête observe : « En ce qui touche l'imputation dirigée contre M. Le Cocq, il importe de retenir que M. le gouverneur Julien n'a jamais déclaré que M. Le Cocq l'avait outragé ; il lui a seulement reproché d'être resté impassible et de n'avoir rien fait pour arrêter la foule qui manifestait et se livrait à des violences. Comme l'a décidé l'arrêt de la Chambre des mises en accusation, ces seules paroles : « Nous venons demander justice. Nous demandons la mise en liberté des


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.