Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

Page 133

— 111 — sions municipales choisies par elle... » (C'est ce qui arriva pour Saint-Denis.) La preuve de ce projet de dissolution des deux municipalités de Saint-Denis et de Saint-Pierre, existe aux archives du secrétariat général du gouvernement de la colonie. C'est la minute d'un rapport portant des corrections de la main de M. Dubarry. Prétexte : insuffisance du matériel contre l'incendie !! En attendant, l'administration avait décidé la conquête de l'urne de « La Plaine-des-Palmistes «. Le conseil municipal de cette commune arbitrairement dissous, une commission spéciale fut nommée, sous la présidence d'un sieur Prudent, employé des contributions, subordonné direct du contrôleur Salez. Les électeurs furent donc convoqués au 10 avril 1910, pour le remplacement de l'assemblée communale. — Et la petite comédie que nous connaissons maintenant se joua sur le thème « classique ». « Vers 7 heures et demie, lit on, dans la protestation à laquelle elle donna lieu, M. Victor Prudent arriva à la mairie, accompagné de M. Salez ; ils pénétrèrent par la porte du secrétariat et firent appeler successivement MM... candidats et fils de candidats. M. Salez sortit seul ; et, à huit heures précises, la salle de vote était ouverte de l'intérieur par M. Prudent... qui déclara simplement : « Messieurs le bureau est constitué ; le vote est commencé. » A la protestation des électeurs, l'on répondit en faisant donner la gendarmerie réquisitionnée d'avance pour cette beso-

gne ! C'est ce que M. le sénateur Crépin dénonçait le 1er juillet 1910, à la tribune du Sénat, en ces termes : « On s'entoura d'un triple cordon ; l'accès de la salle fut interdite à tout le monde. Puis lorsque les opérations électorales (?) furent terminées, on s'enferma et l'on dépouilla à huis clos. Ce scrutin donna les résultats que désirait l'administration. Mais pas ceux espérés par les électeurs qui avaient la prétention d'obtenir la majorité. Certains protestèrent parmi lesquels on en arrêta douze qui furent conduits menottes aux mains, à 60 kilomètres. » L'huissier Constant fut parmi ces douze victimes. Malgré les observations qui lui avaient été faites par le procureur général Allart et l'avertissement amical qui lui avait été donné par M. Salez, lequel lui avait dit : « Fais attention, depuis trois jours on veut t'arrêter », M. Constant s'était rendu à la Plaine-des-Palmistes, le 10 avril. Il se trouvait devant la salle de vote, à 8 heures du matin, au moment où la gendarmerie bouscoulait les électeurs qui réclamaient contre la constitution irrégulière du bureau électoral, A 8 heures 20, un de ses adversaires politiques nommé Boissy. envoyait au procureur de la République par intérim Lucas, le télégramme suivant :


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.