Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

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— 91 — poursuivi le coupable, qui était un gros contrebandier, parce que c'était un ami. On l'a décoré... » Continuons la revue de ces témoignages de... moralité (!). Ils sont vraiment instructifs. Il s'est trouvé, par bonheur, qu'au moment de l'enquête de la commission de la Chambre sur les affaires Légitimus, les hauts fonctionnaires qui avaient rivalisé de zèle et de dévouement au service de l'association Gérault-Légitimus, s'étaient divisés à l'occasion de la brouille des deux dictateurs et avaient pris parti, pour l'un ou pour l'autre, suivant les suggestions de leurs intérêts personnels, de leurs espérances, de leurs déceptions ou de leurs rancunes. L'on assista, en somme, à une véritable querelle entre domestiques, où des malfaiteurs s'accusèrent réciproquement, avec preuves à l'appui, des crimes qu'ils avaient commis de complicité certaine et indispensable, dans le plus parfait et le plus touchant accord ! C'est à cela — qui ne fut d'ailleurs pas moins écœurant que le reste — que l'on dut de connaître la vérité.

TEMOIGNAGE DU COMMANDANT DE GENDARMERIE IGERT Le commandant de gendarmerie Igert, après avoir précisé l'inqualifiable besogne à laquelle on emploie la gendarmerie nationale dans les élections coloniales et confessé, en un élan irrésistible d'émouvante contrition, qu'il avait dû s'y résigner lui-même, à son corps défendant, sur l'ordre du gouverneur Boulloche, parce que soldat, il devait obéir, même s'il lui était commandé de s'associer, sciemment, aux violations les plus évidentes et les plus répugnantes de la loi française, crut devoir dénoncer, lui aussi, la partialité révoltante de la justice, tel qu'il l'avait vu fonctionner à la Guadeloupe, pendant quatre ans. Voici quelques passages de sa déposition du 13 mars 1909. « M.IGERT. — J'ai assisté à un entretien entre MM. Ballot, Lafon, Thaly. M. Lafontan des Goths était présent. C'était huit jours avant les élections municipales du 3 mai (1908). « M. Thaly, procureur de la République à Pointe- à-Pitre. est arrivé comme un fou furieux et j'ai été très étonné de le voir emporté, parce qu'il est ordinairement très calme et j'en aurais voulu quelques-uns comme lui à la Guadeloupe. Il a abordé M. Ballot sans aucun préambule et lui a dit : « M. le gouverneur ... embarquez-le ou embarquez-moi ! » Je crois qu'il était question de M. de Breffeilhac reur général). Il s'agissait d'arrestations que M avait imposées à M. Thaly. « Quant au juge d'instruction, il est venu, les )*rmts


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