Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

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III au tour de la tribune du Sénat de répercuter les protestations, les doléances, les plaintes douloureuses des français des vieilles colonies, dont notre vénérable ami, M. Adolphe Cicéron, Sénateur de la Guadeloupe, et le regretté M. Crépin, Sénateur de la Réunion, se firent les éloquents et fidèles interprètes. Après avoir reproché au Ministre des colonies d'avoir renvoyé à la Guadeloupe deux hauts fonctionnaires (le président de la Cour d'appel, M. Fays, et le Secrétaire général, M. Henry), que le ministre précédent avait « jugés indignes de retourner » dans cette colonie, et affirmé que cette mesure n'avait été inspirée que par l'unique préoccupation « d'assurer, par camaraderie, le triomphe d'un candidat aux élections législatives suivantes ; après avoir cité des extraits suggestifs de documents officiels concernant ces deux fonctionnaires et les présentant sous un jour plus que défavorable, M. Cicéron s'écriait : « Quel respect voulez-vous que les populations aient pour de tels fonctionnaires ? « On est en droit d'affirmer que toute la responsabilité des événements terribles qui se sont déroulés à la Guadeloupe, incombe à l'incapacité et à la mauvaise qualité des administrateurs de la colonie. » Puis, l'orateur exposa dans quelles conditions le commandant de gendarmerie, M. Tyl, un militaire de valeur, fut chassé de la Guadeloupe parce qu' « il ne voulait pas se rendre complice de « certaines manœuvres politiques, ni faire de ses gendarmes des « instruments d'oppression et de massacre (sic). Le gouverneur intérimaire le fit appeler dans son cabinet et lui dit : « Commandant Tyl, voilà ma politique. Nous avons à « faire triompher par tous les moyens qui sont à notre disposition « telle candidature. Etes-vous prêt à nous suivre dans cette voie? « Puis-je compter sur votre concours ? » Le commandant lui répondit : « Je n'obéirai pas ; je ne salirai pas mes épaulettes. Le commandant Tyl fut embarqué et renvoyé a la disposition du ministre, ainsi qu'il résulte de l'ordre du jour suivant adressé à la compagnie de gendarmerie de la colonie, au moment de son départ : Ordre du jour n° 1. — « M. le Gouverneur de la Guadeloupe « m'a fait connaître que, bien qu'il n'eût aucun reproche à m'adresser,


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