Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

Page 104

— 82 — trois gendarmes du détachement de la Guyane, lesquels se trouvaient en service d'ordre à la mairie pendant le dépouillement du scrutin le 23 septembre dernier ; « Attendu qu'il résulte péremptoirement de leurs dépositions nettes, précises et concordantes, que le gendarme Mouth se trouvait dans le couloir attenant à la salle affectée au dépouillement du scrutin, quand, son attention ayant été soudain frappée par la façon anormale dont on y procédait, il appela ses collègues, les gendarmes Robinet et Wagner, leur disant textuellement : « Venez voir comment ça se pratique ici » ; qu'en outre, ces trois agents de la force publique ont déposé avoir vu le prévenu X. chargé du dépouillement d'une urne y prendre les bulletins, les passer sans les ouvrir ni les lire au prévenu Y. qui les mettait dans le même état, dans son casque entre ses jambes ; ledit X. proclamait chaque fois le nom du candidat Briais ; que pendant vingt minutes environ ils observèrent cette manœuvre ; qu'une certaine quantité de bulletins fut ainsi remise par X. à Y. ; qu'enfin, quelqu'un dans la salle ayant remarqué leur attitude à fait l'observation suivante en patois créole : « Attention aux gendarmes ! » « Attendu que le témoin P. (du parti des prévenus) sur une interpellation du prévenu X. a déclaré : « Eh bien ! voilà : je reconnais vous avoir dit, à Y. et à vous : vous volez trop ! » « Attendu que les prévenus ont produit à leur tour onze témoins, dont le chef de brigade de gendarmerie Robichon. « Attendu que le témoin Robichon a dit qu'il ne sait personnellement rien du dépouillement ; mais, qu'à un certain moment, les gendarmes qui étaient dans la galerie attenante à la salle du dépouillement sont venus lui dire : « Chef, ce n'est vraiment pas la peine de rester ici ! » et que le gendarme Mouth, auteur de ce propos, l'explique ainsi : « C'était vraiment trop irrégulier ; puisque nous n'avions pas le droit d'agir, notre présence, à mon avis, ne paraissait plus utile, vu, au surplus, qu'il n'y avait pas de désordre. » « Attendu qu'il n'a pas été contesté que le candidat Prévot ait été chassé de la mairie avant le dépouillement et qu'au moment où ces opérations devaient commencer,il y avait déjà au pied de l'escalier, donnant accès à la salle de dépouillement, un groupe de citoyens dont plusieurs ont servi de scrutateurs, cependant qu'au dehors un détachement d' infanterie coloniale et le gros des forces de gendarmerie de la colonie réquisitionnées à cet effet interdisait l'accès des abords de la mairie à tout autre citoyen ; « Attendu que c'est en vain que pour diminuer la valeur des témoignages des gendarmes, sinon les écarter, il a été allégué qu'ils n'ont pas verbalisé ou avisé officiellement leurs chefs des faits délictueux constatés par eux ; qu'en effet, il leur avait été


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.