Comment on traite nos colonies : Candidature officielle et mœurs électorales

Page 102

— 80 — Et déjà tout est mis en œuvre en vue de ce résultat essentiel. L'Administration de la colonie est confiée à des intérimaires qui devront justifier leurs droits à la titularisation, en donnant des preuves décisives de leur énergique dévouement et de leur savoir-faire électoral. Ceux qui seront chargés de la besogne matérielle ont commencé à se faire la main. Ils ont opéré, avec une réelle maîtrise, à l'occasion des élections cantonales de 1922 et au cours d'une élection partielle au Conseil général qui qui vient d'avoir lieu dans le canton de Cayenne (23 septembre 1923). Nous en trouvons une première preuve dans un arrêt de la Chambre des mises en accusation de la Cour d'Appel de la Guyane, du 16 janvier 1923, où on lit les suggestifs attendus suivants : « Attendu que Gober est prévenu d'avoir, à la mairie de Cayenne, le 22 octobre 1922, à l'occasion des opérations électorales de ce jour, avant, pendant ou après le scrutin, par inobservation volontaire de la loi ou des arrêtés du Gouvernement ou par tous actes frauduleux, porté atteinte ou tenté de porter atteinte à la sincérité du scrutin. « Attendu que le bureau aurait dû être composé du maire, président, et dans l'ordre du tableau de MM. Prévot, Mirza, Cupidon et Darnal, à condition que ces conseillers fussent présents au moment de la constitution du bureau. « Attendu que le commissaire de police, dans sa déposition du 22 novembre 1922, s'exprime ainsi : « Le maire m'avait donné comme consigne de n'ouvrir la « porte qu'à sept heures précises à la pendule du bureau de vote. « Je réglai ma montre à la pendule et attendis, montre en main, « qu'il fût sept heures. A sept heures précises, j'ouvris la porte. « Le flot des électeurs se présenta. Immédiatement, M. te « maire vint et me dit : « Mais il n'est pas encore sept heures.» « Je sortis ma montre et lui fis voir qu'elle marquait sept heures. « Les électeurs s'engagèrent dans la galerie et, au même mo « j'entendis sonner sept heures à la pendule du bureau de vote. MM. Prévot et Darnal se présentèrent les premiers, refusèrent « d'abord de se laisser palper, disant qu'ils étaient conseillers muni« cipaux. J'allai porter leurs doléances au maire, qui m'a répondu : « Je ne connais que des électeurs, je ne connais pas de conseillers « municipaux; s'ils ne veulent pas se laisser fouiller, ils ne passeront « pas. » Je leur rapportai la réponse du maire, et, à ce moment-là « ils se laissèrent palper et passage leur fut donné. Comme ils « avaient perdu un peu de temps, le bureau avait eu le temps d' être « constitué et le vote avait commencé (!). « Attendu qu'il résulte du dossier que les assesseurs ont été


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.