Vieux papiers du temps des isles

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LA NOUVELLE NORMANDIE, NOUVELLE GENÈVE

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Les Espagnols, ayant réuni un corps expéditionnaire de six cents hommes, arrivèrent devant la rade peu de temps après, mais furent reçus par une vigoureuse canonnade qui les empêcha de débarquer. Dans un rapide conseil de guerre les officiers espagnols décidèrent alors d'essayer de grimper sur la côte dans l'anse dite de Cayonne et de fondre de là sur le fort. Le Vasseur ordonna de les laisser débarquer et s'engager vers le fort, puis les fit vigoureusement charger par les « Aventuriers » ; rejetés à la plage, les Hidalgos s'enfuirent laissant deux cents soldats sur le terrain.

Le Vasseur, vainqueur des Anglais et des Espagnols, en ressentit une fierté que les compliments venus de haut lieu transformèrent bientôt en une soif d'indépendance envers son gouverneur général, M. de Poincy. Celui-ci chercha à le faire revenir à Saint-Christophe sous de fallacieux prétextes et pour cela lui dépêcha son neveu de Louvilliers, mais on ne prend pas les mouches avec du vinaigre et Le Vasseur ne se laissa pas faire. La Tortue devint le fief du chef calviniste qui se riait des observations de son supérieur, obtenant même un « Edit de Nantes » autorisant la liberté de conscience dans la Nouvelle Normandie devenue une nouvelle Genève. Cette liberté de conscience Le Vasseur y tenait ferme, elle lui assurait l'union de ses sujets calvinistes qui applaudissaient à l'expulsion du Père Marc d'Angers, capucin, et se gaussant de la bonne farce que le « patron » avait fait en refusant de rendre à M. de Poincy une Notre-Dame d'argent, et lui envoyant une réplique en bois tout en mandant à ce sujet « que les catholiques étaient trop spirituels pour croire


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