Vieux papiers du temps des isles

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LE RETOUR DU CORSAIRE

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Bientôt le petit bâtiment courbé sur les flots filait à grands renforts de cacatois et de ris vers la mère-patrie.

Un mois après, au petit jour, pour éviter les gardes-côtes de l'Amirauté, le Sans Pitié, son capitaine corsaire et son équipage de flibustiers en rupture... de bancs passait devant l'humble bourg de Batz, longeait le hameau du Pouliguen et remontait la Loire jusqu'à l'entrée du port de Nantes. L'ancre à peine jetée, Dulaïen, qui connaissait les us et coutumes maritimes, envoyait un express au commissaire ordonnateur de la Marine à Nantes, M. Renault, lui faisant savoir son désir et celui de son équipage d'obtenir la grâce royale. Ces messieurs du bureau de l'Amirauté furent fort troublés ; c'était une affaire importante, la maréchaussée fut avertie, on en parla à droite et à gauche, et c'est ainsi que, quelques jours après, le maréchal-des-logis du Pouliguen annonçait à Dame Dulaïen le retour de l'enfant sinon prodigue du moins corsaire. Quant à l'ordonnateur de la Marine, M. Renault, il n'osa prendre aucune décision sans en aviser au préalable le gouverneur de Nantes, le comte de Menou. Celui-ci demanda conseil aux syndics du commerce et en référa ensuite au ministre en personne, M. de Maurepas. « L'affaire Dulaïen » était née. A Versailles, les bureaux rédigèrent des notes et, de notes en notes, M. de Maurepas fut amené à en toucher un mot à Louis XV en son conseil. Une décision fut prise et nous en connaissons les termes tels qu'ils parvinrent à M. Renault : « Sa Majesté à qui j'en ai rendu compte, écrit le comte de Maurepas, et des représentations de M. de Menou, gouverneur de Nantes, et des principaux négociants


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