Vieux papiers du temps des isles

Page 32

24

VIEUX PAPIERS DU TEMPS DES ISLES

Périer, nous eussions perdu la moitié de nos forces ; tout le monde étant excédé on ne peut trop louer ceux qui ont servi dans cette expédition, chacun à l'envy l'un de l'autre a voulu se signaler par la valeur et par le travail, l'officier ayant partout donné l'exemple et la main à tout ce qui était nécessaire pour terminer promptement et heureusement cette expédition ». Parmi les prisonniers Natchez se trouvaient deux « soleils de cette nation ». Par décence, la Compagnie des Indes n'osa pas les traiter en esclaves. Ils furent internés avec leur famille au Cap Français, mais leur entretien était onéreux : 1.888 livres 7 sous pour trois mois. La somme parut bien considérable même pour honorer des « caciques » et la Compagnie écrivit à M. de Maurepas pour obtenir le remboursement par l'État de cette dépense de... politique indigène. Nous possédons la réponse du Ministre, elle est datée du 22 avril 1731 et elle est brève : « Je ne crois pas, écrivait M. de Maurepas aux syndics de la Compagnie, qu'il y avait aucune chose à faire que d'ordonner la vente ou de les renvoyer à la Louisiane ». Les syndics de la Compagnie n'hésitèrent pas : « Il a été délibéré d'ordonner la vente de ce qui reste desdites deux familles sauvages Natchez 1 ». Ainsi finirent dans l'esclavage ces Peaux-Rouges habitués aux longs parcours de la sylve du Mississipi. Quant au « grand soleil », échappé de la tente du gouverneur, il courait encore du côté des Sioux de nombreuses « lunes » après son évasion. Peut-être un jour, là-bas, sur les confins du Missouri et du Far West, ce dernier des Natchez rencontra-t-il à la tombée de la nuit le dernier des Mohicans ? 1. Registre) do la Compagnie des Indes. Pièce justificative n° 4. Archives coloniales.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.