LES DERNIERS NATCHEZ
23
que, passé ce jour de grâce, je ferai brûler ceux qui n'en profiteraient pas ». Puis, malgré ses liens et ses gardes, la nuit venue, « La Farine » rampe hors de la tente, on tire sur lui, on le manque et le voilà sauvé dans la forêt ! Mais la résistance faiblit, le lendemain un par un, alertant continuellement les sentinelles, 450 femmes et enfants et 45 guerriers se rendaient. « La journée se passa qu'il restait encore dans le fort une vingtaine de personnes qui demandèrent qu'on les laissât jusqu'au lendemain ». « Je fus forcé de leur accorder leur demande, écrit M. de Périer, parce qu'il ne faisait pas un temps à les aller prendre, nous étions entre deux eaux ». Le temps ne se leva que vers neuf heures du soir et 16 Peaux-Rouges en profitèrent pour se sauver ; « le poste des Habitants s'en aperçut, mais il leur fut impossible de tirer un seul coup de fusil dessus non plus qu'à moi à faire marcher nos sauvages, il est vrai que la pluie tombait au seau depuis deux jours ». Plus un coup de fusil ne répondait à la mousqueterie dos troupes françaises dès le 25 janvier 1731 et la première reconnaissance qui escalada les fossés du Fort des Natchez « n'y trouva que deux hommes et une femme ». Le 26, à l'aube, on se mit « à démolir le Fort et à brûler le bois qui le composait », on continua à raser les défenses et le 28 janvier tout était brûlé « tant fort, maisons que pirogues ». La tribu des Natchez était dispersée, la plus grande partie de ses guerriers avait été tuée et la colonne ramenait à la Nouvelle Orléans deux cent cinquante Natchez, en majorité des femmes et des enfants, réduits à l'esclavage. L'expédition « répressive » avait eu son plein effet mais avait demandé un gros effort et beaucoup d'allant : « Si on n'avait pas pressé l'ennemy aussy vivement que nous avions fait, indique en terminant son rapport M. de