Vieux papiers du temps des isles

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UN

MOIS

SOUS

LE DRAPEAU

TRICOLORE

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l'ancien déporté de la Guyane et Bonaparte, marchant de long en large dans son cabinet de travail du château de Saint-Cloud, déclarait : « Les incertitudes et la délibération ne sont plus de saison. Je renonce à la Louisiane. Ce n'est point seulement la Nouvelle-Orléans que je veux céder, c'est toute la colonie sans en rien réserver. Je connais le prix de ce que j'abandonne et j'ai assez prouvé le cas que je fais de cette province puisque mon premier acte diplomatique avec l'Espagne a eu pour objet de la retrouver. Nous obstiner à sa conservation serait folie. Je vous charge de négocier cette affaire avec les envoyés du Congrès. » Le même jour, le 11 avril, à quatre heures du soir, BarbéMarbois rencontrait l'ambassadeur américain Livingston, auquel se joignait, le lendemain, M. Monroë. Ce ne fut pas sans étonnement que les diplomates américains apprirent la proposition de Bonaparte. Aussi acceptèrent-ils, sans délai, d'établir les termes de la cession. Le traité franco-américain était complété par deux conventions fixant les conditions de paiement du prix fixé à quatre-vingts millions, dont vingt conservés comme remboursement des créances dues par la France aux États-Unis « pour faits de piraterie ». Les États-Unis s'empressèrent de verser cette somme et, ce qui prouve que l'argent n'a pas... de patrie, c'est une banque britannique, la firme Baring and C°, qui apporta au Trésor français les soixante millions. Ceux-ci servirent à... l'établissement du camp de Boulogne. Il est vrai que le Premier Consul avait dit, apprenant la conclusion heureuse de l'accord franco-américain : « Soixante millions pour une occupation qui ne durera peut-être qu'un jour ! Je veux que la France jouisse de ce capital inespéré, grâce à la construction d'un grand port ! » L'homme; propose, la... guerre dispose !


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