Vieux papiers du temps des isles

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VIEUX

PAPIERS

DU TEMPS DES ISLES

encore, Bernadotte gardant ses lettres de service, pour diriger la colonie, le gouverneur espagnol don Manuel di Salcedo continua de gouverner. Position étrange à la vérité et que les « colons louisianais » ne parvenaient pas à s'expliquer, pas plus d'ailleurs que les autorités américaines voisines. A Boston on s'inquiétait de la future présence des Français sur le Continent américain et on dépêchait à Paris, le fameux Monroë en vue de négocier, en faveur des États confédérés cette fois-ci, la cession de la Louisiane et, en même

temps,

obtenir des indemnités pour capture de

cargaisons et même de bateaux par nos corsaires. Depuis deux ans et demi le Directoire promettait de payer les indemnités, mais pour raison d'impécuniosité n'arrivait pas à envoyer le moindre maravédis aux États-Unis. La guerre était imminente avec les Anglais, ceux-ci maîtres des mers. Comment espérer dans ces conditions garder la Louisiane ? C'est ce que se demandait avec inquiétude le Premier Consul. Le jour de Pâques 1803, Bonaparte ne dut suivre l'office dans l'église de Saint-Cloud que d'une façon très détachée, car son esprit errait sur les rives du Missouri. A midi, il fait appeler Barbé-Marbois qui, longtemps, avait résidé en Amérique, connaissait la colonie, et lui demande ce qu'il pense d'une cession de la Louisiane aux États-Unis. L'ancien conventionnel lui signala que « rien n'est plus incertain que le sort à venir des colonies des Européens en Amérique. Le droit exclusif que les métropoles exerçaient sur ces établissements éloignés est de jour en jour plus précaire ». Paroles prophétiques et qui influèrent sur l'esprit du Premier Consul. Celui-ci ne prit congé de Barbé-Marbois qu'à cinq heures du soir. Le lendemain, dès neuf heures, un officier allait chercher


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