Vieux papiers du temps des isles

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LA MARTINIQUE PENDANT LES CENT JOURS

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* * Il était, certes, fort nécessaire de mettre de l'ordre dans les affaires do la Martinique, car les agents du roi d'Angleterre n'avaient laissé, comme l'on dit, à la colonie que... sa chemise, c'est-à-dire avaient emporté dos forteresses et des magasins tout ce qu'ils avaient pu enlever. Il fallait aussi pourvoir aux vivres et aux munitions de la garnison française ainsi qu'à son logement. Comme depuis près d'un an les Anglais s'attendaient à rendre la Martinique, les casernes, les églises et tous les édifices publics n'avaient pas reçu les réparations nécessaires et si fréquentes sous un climat dont l'extrême humidité exige dos soins continuels. De plus, la perception des impôts avait été négligée et le Trésor n'avait plus rien en caisse. L'intendant Dubuc, prenant comme base les instructions de 1777, chercha à rétablir les anciens impôts, à réorganiser la Martinique de 1789 malgré l'hostilité d'une cabale formée par les militaires jaloux de la réapparition des milices et par les « libéraux ». Le 30 avril 1814, la colonie était avertie du débarquement de Fréjus ; le 2 mai, un courrier de Bordeaux apportait une lettre de la duchesse d'Angoulême annonçant la fuite du roi, la déclaration du Congrès de Vienne de ne point traiter avec « Buonaparte » ; Madame y exprimait, en outre, sa confiance dans la fidélité des autorités martiniquaises. Le trouble était grand dans la population ; la garnison, composée du 26e de ligne, où servaient de nombreux créoles ayant gagné leurs grades à la Grande Armée, ne cachait pas sa joie du retour de l'Empereur. Le gouverneur de Vaugiraud, inquiet de cette effervescence, jugea que le plus sage


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