Vieux papiers du temps des isles

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VIEUX PAPIERS DU TEMPS DES ISLES

du conseil supérieur. Parti en France à la paix d'Amiens pour défendre les intérêts martiniquais, Dubuc fut mis « en surveillance administrative », et ensuite tenu en suspicion jusqu'en 1814. Ce ne fut que les premiers jours d'octobre 1814 que les autorités françaises et les troupes destinées à relever les contingents britanniques arrivèrent à Fort-Royal. Mais les Anglais se firent tirer l'oreille comme ailleurs, du reste, pour restituer la colonie. Le gouverneur Lindsay déclara pour effectuer son départ devoir recevoir au préalable un ordre de Londres, et refusa la libre pratique aux navires de commerce. Pendant ce temps l'escadre française attendait à l'ancre dans la rade la fin des pourparlers. De longs jours durant, les bâtiments furent entourés de barques pavoisées où les créoles enthousiastes entonnaient des chants patriotiques, alors que dans

les

entreponts, les

troupes maudissaient les « goddams » de les faire « mariner ainsi ! » D'autres navires français étaient entrés, pendant ces pourparlers, en rade de Fort-Royal. Enfin, le Gouverneur Lindsay ayant reçu toutes directives utiles de de Londres, le 2 décembre commencèrent les opérations de remise de la colonie, en parfait accord, cette fois, avec les autorités anglaises. Le 10 décembre, la frégate la Duchesse d'Angoulême jetait l'ancre devant Saint-Pierre, amenant le gouverneur comte de

Vaugiraud. Le cortège guber-

natorial traversa la ville au milieu d'une haie de drapeaux fleurdelisés et acclamés par le populaire aux cris de « Vive le Roi ! Vivent les Bourbons ! » L'intendant Dubuc s'empressa pendant ce temps de remettre de l'ordre dans les finances et l'administration martiniquaise.


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