LA MARTINIQUE PENDANT LES CENT-JOURS
Le dernier jour de mai 1814, au matin, les habitants de Saint-Pierre de la Martinique virent entrer dans la rade une goëlette anglaise! battant à son mât de misaine un grand pavillon blanc. La nouvelle courut d'abord les faubourgs puis, galopant le long des mornes, apporta à tous les villages martiniquais l'écho lointain de la chute de l'Empire. Nous avons peine à nous imaginer la stupeur des habitants de l'île en apprenant cet événement car, depuis 1809, date de la prise de la Martinique par les Anglais, nos compatriotes antillais vivaient dans une tour d'ivoire. Les autorités britanniques ne laissaient pénétrer dans l'île qu'un journal l'Ambigu, véritable
Gazette des Ardennes, rédigé
par un Toqué de l'époque, le sieur
Pelletier. Quelques
nouvelles d'Europe avaient bien filtré, mais d'une façon fort vague, ne donnant que des renseignements diffus sur la retraite de Russie, la bataille de Leipzig, les débuts de la campagne de France, et c'était tout. La colonie apprit donc à la fois l'entrée des alliés à Paris, l'arrivée du roi Louis XVIII aux Tuileries et le contenu du traité du 12 mai 1814 rendant la Martinique et la Gua-