Vieux papiers du temps des isles

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LE SEIGNEUR CONSTANCE

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plus encore que pour les Ambassadeurs des rois indépendants « comme le Roy de Perse, du grand Mogol, des Empereurs de Chine et du Japon ». Ceux-ci avaient le droit d'entrer dans le Palais, mais ne pouvaient se présenter qu'à genoux devant le trône. Ils ne parlaient pas directement au prince qui ne s'entretenait avec eux que par l'intermédiaire de son Ministre des affaires étrangères et d'un interprète qualifié. A force de diplomatie, le seigneur Constance fit admettre « à l'Empereur du Siam » que « Monsieur l'Ambassadeur de France entrât dans son Palais l'épée au côté et qu'il s'assit à l'audience, ce qui n'avait jamais été accordé à aucun ambassadeur ». Mais toutes les difficultés n'étaient pas encore aplanies ; restait notamment la question « de la manière dont les gentilhommes seraient à l'audience ». M. le chevalier de Chaumont était très catégorique sur ce point : Ou ses officiers n'assisteraient pas à l'audience, ou ils y seraient « sans posture humiliante ». Le seigneur Constance eut beau rappeler à M. de Chaumont que, même les ambassadeurs des rois du « Tunquin » et de la Cochinchine n'entraient dans la salle des audiences qu'en rampant, et se tenaient prosternés devant le trône royal, ce dernier tint ferme. Après de très longs « palabres », le sieur Constance parvint à faire accepter le protocole suivant : les officiers français entreraient en avance dans la salle et resteraient assis durant la cérémonie. Celle-ci se déroula fort bien, sous la haute direction du sieur Constance, sauf une faute d'un mandarin, qui avait cru bien faire en portant à terre, au débarcadère de la ville de Siam, la pyramide dorée enfermant la lettre de Louis XIV à l'empereur du Siam. Le pauvre mandarin eut incontinent « la tête piquée, en attendant un plus sévère châtiment ».


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