Vieux papiers du temps des isles

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LA LUTTE POUR LES ÉPICES

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tomber dans le réseau de « cinq vaisseaux garde-côtes ». On l'arraisonne et il doit expliquer que, sortant de la baie Manille, les courants l'avaient fait dévier, les Hollandais proposent alors de le convoyer jusqu'à Batavia sous prétexte de le mettre dans la bonne route, en fait pour surveiller la flûte. Après une relâche à Batavia, l'Etoile du Matin reprenait la route de l'île de France. Le 25 juin, Port-Louis apparaissait au loin et le 26 le capitaine de corvette d'Etcheverry remettait au gouverneur des Rochers et à l'intendant Poivre 20 milliers de muscades « tant en graine qu'en plantes et 300 girofliers » qui furent immédiatement plantées. Le gouverneur chargea M. d'Etcheverry d'aller en personne à Versailles rendre compte de l'heureux résultat de sa mission. Le roi le gratifia de la croix de Saint-Louis et lui permit d'inscrire sur ses armes la devise « Virtute et animo detavit Galliam ». L'avenir de l'épicerie française était, on le voit, l'objet de toute la sollicitude des Pouvoirs Publics même sous l'Ancien Régime ! Quant au prince de Guéby et au roi de Patany, il y avait belle lurette déjà que leur pavillon blanc s'était transformé en une loque plus ou moins jaune et qu'ils attendaient le retour du commandant d'Etcheverry lorsqu'ils rendirent leur âme au Très-Haut ; jamais l'heure du berger, celle où le fameux traité promis devait être signé, n'arriva marquée par l'apparition à l'horizon de l'Etoile du Matin.


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